La confrérie des larmes
Gabriel, ancien policier brisé par un drame personnel, s'endette, boit et tente d’élever seul sa fille Juliette. Une connaissance lui propose un travail très bien payé imposant juste de convoyer dans le monde des mallettes qu’il a interdiction d’ouvrir. L’argent tombe, Gabriel court aux quatre coins du globe mais sa curiosité le taraude de plus en plus : que contiennent les fameuses mallettes ?
Dès les premières minutes, on sait que l’affaire est mal engagée : les dialogues sonnent faux, les scènes sont hyper‑explicatives et les jalons narratifs sautent aux yeux… Sur le papier, on comprend pourtant les intentions de Jean‑Baptiste Andrea. Andrea scénariste entend livrer un thriller machiavélique façon Jean‑Christophe Grangé. À la caméra, Andrea réalisateur tente de ressusciter la qualité des grands thrillers des années 70, une réalisation économe, efficace et réaliste à la façon de John Frankenheimer.
Et d’un seul coup, la raison pour laquelle cette Confrérie des larmes laisse de glace saute aux yeux : à force d’emprunter ici et là à des influences éparses, à force de piocher dans des styles divers et contradictoires, y compris dans l'imagerie publicitaire (scène en Chine), Jean‑Baptiste Andrea ne parvient pas à donner une cohérence, une personnalité et une chair à son film.
Dès lors, la présence de Jérémie Renier ou Audrey Fleurot ne change rien à l’affaire. Même des interprètes de qualité ne peuvent s’improviser alchimistes : une scène mal dialoguée et filmée de façon gauche ne donne rien, fusse‑t‑elle jouée par des cadors. Seul Bouli Lanners, qui n’a pourtant que deux courtes scènes, parvient durant quelques secondes cruciales ‑la révélation finale‑ à transformer le fer blanc en argent. Mais d’or il n’y aura pas.