La chute du Faucon Noir
Mogadiscio, Somalie. Le 3 octobre 1993, un groupe de soldats d’élite américains a pour mission de capturer le général Mohamed Farrad Aidid près du marché de Bakara. Face à l’offensive ultra‑violente des factions rebelles, l’opération de routine tourne au massacre.
Dans l’objectif de Ridley Scott, la guerre induit un ennemi prêt à jaillir quand on ne l’attend pas et dont la force de frappe, toujours inattendue, pousse la tension à son paroxysme. Piégés dans une ville convertie en souricière à ciel ouvert, les militaires, désormais filmés à hauteur d’homme, éprouvent la souffrance dans un grand fracas de corps mutilés et de giclées gore. La mise en scène virtuose convoque autant le réalisme documentaire que la dimension anxiogène du survival. Traqué par des milices interchangeables, le corps d’élite voit son objectif initial supplanté par une « simple » question de vie ou de mort, soit l’expérience absolue d’une guerre sans visage. Entre les ruelles poussiéreuses et les bouges somaliens, l’hyper‑technologie occidentale s’incline face à un déchaînement de violence primitive illustré par le dispositif frénétique du jeu vidéo (développé en 2003 par Infinity Ward, Call of Duty s’en inspire nettement).
Projeté en avant‑première le 18 décembre 2001, La chute du Faucon Noir (adapté du roman Black Hawk Down : a Story of Modern War de Mark Bowden) apportait une résonance particulière à l’Amérique post‑11 septembre. Par ailleurs, le film s’inscrit dans un genre codé du cinéma hollywoodien, le film de patrouille, dont John Ford (La patrouille perdue, 1934) et Raoul Walsh (Aventures en Birmanie, 1945) constituent les fleurons les plus célèbres. Une pépite explosive échappée des productions Bruckheimer à (re)voir d’urgence.