La Chine
En 1972, deux ans après son expérience hollywoodienne (Zabriskie Point), Michelangelo Antonioni part en Chine sur la demande du gouvernement maoïste, afin de réaliser un film-fleuve sur le pays, sa culture, ses paysages et sa population.
Resté inédit en France, la sortie de La Chine constitue un événement de taille et un document fascinant sur un pays alors fermé au monde occidental depuis la révolution culturelle. « La Chine que j’ai vue n’est pas de légende. C’est le paysage humain, si différent du nôtre, mais si concret et moderne. Ce sont les visages qui ont envahi l’écran ». Ainsi Antonioni explique-t-il son approche qui, à l’époque, lui valut de nombreux reproches de la part de ceux qui pensaient que le film serait un brûlot critique à l’égard d’un pays dirigé d’une main de fer par Mao Zedong.
Mais Antonioni court-circuite l’approche que l’on attendait de lui et s’intéresse au peuple chinois, non pas celui des cartes postales ou des luttes politiques, mais celui des villes et des campagnes ordinaires. Pourtant, Antonioni évite l’angélisme de surface et, au détour d’une rue ou d’un marché, s’amuse à filmer des événements a priori anodins (un théâtre de marionnettes par exemple) qu’il utilise comme métaphores discrètes d’un peuple asservi. Une rareté accompagnée de bonus passionnants.