La bella gente
Susanna (Monica Guerritore) travaille dans un centre d’accueil pour femmes battues. Chaque été, elle rejoint sa résidence secondaire avec son mari architecte pour y passer l’été. Un jour, tandis qu’elle revient du village, elle assiste, impuissante, à une scène de violence : une jeune prostituée se fait agresser sur le bord de la nationale. Choquée par cette injustice, elle décide de kidnapper l’adolescente et de la prendre sous sa responsabilité. Ainsi, la ravissante Nadja (Victoria Larchenko), choyée et protégée, intègre très rapidement la famille. Tout bascule, lorsque le fils du couple de quinquagénaires débarque et ne reste pas indifférent aux charmes de l’Ukrainienne.
Dans La bella gente, le réalisateur Ivano De Matteo met rudement à l’épreuve l’humanisme bourgeois dès lors qu’il peut être masqué par le besoin sordide de se donner bonne conscience. Du début à la fin, Nadja demeure une victime, du déterminisme (sa condition de prostituée comme unique moyen de survie), et du soutien précaire de ses bienfaiteurs (Susanna va peu à peu la traiter davantage comme une domestique que comme sa fille, puis l’éjectera, parce qu’au fond, elle dévoile la face sombre du réel et l’impossibilité pratique de la solidarité).
En dépit de sa portée dramatique, le film social de De Matteo rejoint les œuvres de Dino Risi (La carrière d’une femme de chambre) et Mario Monicelli (Un bourgeois tout petit petit), dans lesquelles humour noir et causticité servaient de rempart à l’hypocrisie de la classe bourgeoise.