La beauté du geste
Un automne à New York. Kate et Alex (Catherine Keener et Oliver Platt), couple de brocanteurs, vivent de la récupération de mobilier et d'objets d’art vintage ayant appartenu à des personnes décédées, dont ils tirent des bénéfices non négligeables. Voulant s’installer avec leur fille adolescente dans un appartement plus spacieux, ils ont acheté en viager celui de leur voisine, une grand‑mère de 91 ans. Mais ce procédé ne plaît pas aux deux petites‑filles de la vieille dame. Tout cela n’est pas sans susciter quelques cas de conscience à Kate, qui se sent coupable de profiter du malheur des autres et donne, pour se racheter une conduite, des billets de 20 dollars aux SDF de sa rue. Pensant aider son prochain, elle en oublie de s’occuper de sa propre fille. Malgré la mauvaise ambiance, le cynisme de certains et l’égoïsme des autres, tout ce petit monde va apprendre à s’apprivoiser, à se comprendre…
La réalisatrice et scénariste Nicole Holofcener (Friends With Money), à la barre d’un navire à l’équipage irréprochable (aucune fausse note de casting, jeu des acteurs impeccable), livre avec La beauté du geste (inédit en salles chez nous) une réflexion douce‑amère sur une société new‑yorkaise bousculée par ses contradictions. Difficile de résumer en une phrase l’essence de ce film, comédie de mœurs souvent caustique, qui ose dépeindre une galerie de personnages exécrables (mis à part celui interprété par la touchante Rebecca Hall, vue dans The Town de Ben Affleck, et la fille du couple, incarnée par Sarah Steele), mais finalement toujours attachants. Même l’excellente Amanda Peet, parfaite en odieuse esthéticienne, dévoile ses failles par petites touches. Suffisant pour comprendre le mal‑être de cette galerie de protagonistes aux allures « woody alleniennes », caractères indissociables de leur milieu urbain, Manhattan.
De moins en moins cynique au fur et à mesure que la pellicule se déroule, le film perd de son mordant pour se faire plus sensible, mais aussi moins incisif lorsqu’il faudrait l’être un peu plus. Car la cinéaste porte toujours un regard bienveillant sur ses personnages et leurs malheurs, oubliant parfois de taper là où ça fait mal. Belle étude de cas au regard affûté, La beauté du geste aborde des thématiques inattendues, comme la compassion, la culpabilité ou encore la charité, soulevant quelques questions très actuelles tout en se gardant d'apporter des réponses toutes faites.