L'outsider
Jeune recrue à la Société Générale, Jérôme Kerviel (Arthur Dupont) gravit les échelons de la banque à vitesse grand V. Brillant et réactif, le (même pas) trentenaire est catapulté au poste de trader, et sait y faire. Épaulé par son mentor, Fabien Keller (François Xavier‑Demaison), Kerviel apprend les rouages du métier et maîtrise, sur le bout des touches, chaque combine pro‑spéculation. Mais parier de façon outrancière peut parfois coûter (très) cher.
Dès lors que nous décidons d'ignorer le jargon imbitable de la finance, l'immersion dans la salle des marchés en effervescence se fait sans chichis, grâce à la mise en scène enlevée et dynamique de Christophe Barratier (Les Choristes). La suite de l'histoire, on la connaît par cœur, bâtie sur un fait divers hors norme et la perte de milliards d'euros qui défrayèrent la chronique.
L'outsider relate à la fois les raisons et le mystère d'une dégringolade existentielle. Sans prendre le parti (mais uniquement le point de vue) du célèbre trader, le film relève un système abstrait, une vision limitée du principe de réalité quand les cordons de la Bourse l'obstruent au quotidien, un autisme programmé par la profession qui pourraient finalement justifier sa folie des grandeurs.
À travers la relation presque filiale qui se noue entre Keller et Kerviel, on se rappelle le redoutable tandem Bud Fox (Charlie Sheen)/Gordon Gekko (Michael Douglas) dans Wall Street (Oliver Stone, 1987). Leonardo DiCaprio en Loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013) y est aussi pour beaucoup dans le caractère obsessionnel du jeune trader. Visiblement, Barratier a de bonnes références, et son film se tient à merveille.