L'origine de la violence
Nathan Fabre, un professeur, souffre d’accès de violence qu’il ne s’explique pas. Amoureux d’une jeune Allemande, il visite un jour le mémorial du camp de concentration de Buchenwald. Sur une photographie, il remarque en arrière‑plan l’image extrêmement troublante d’un déporté. Celui-ci ressemble en effet comme deux gouttes d’eau à son père Adrien quand il était jeune. Ce dernier refusant d’épiloguer, Nathan va enquêter sur l’histoire de sa famille et découvrir une série de secrets bouleversants.
Sur un beau scénario inspiré du roman éponyme de Fabrice Humbert, Élie Chouraqui livre un récit à double visage traitant moins de la Shoah que du poison corrosif des non‑dits familiaux.
Sur le versant moderne du récit, le cinéaste profite du talent de pointures (Michel Bouquet, Richard Berry, Catherine Samie) pour dessiner avec énergie l’enquête à fleur de peau de Nathan (Stanley Weber).
Mais le cinéaste doit aussi, pour étayer son récit, faire de fréquentes incursions dans le passé. C’est là que le bât blesse : dans ces flash‑back, le réalisateur perd son ardeur et s’égare dans une reconstitution qui tente à la fois l’intimisme et la flamboyance. Ce souhait téméraire est doublement desservi : d'une part en raison d'un évident manque de moyens, d'autre part du fait d'une tonalité hyper‑explicative, presque scolaire.
Dans son légitime souci de dénouer une intrigue complexe, Élie Chouraqui entend tout expliciter, ne strictement rien laisser dans l'ombre. Quitte à ne pas employer, ou en tout cas a minima, les talents subtils, tout en sugestion, de Michel Bouquet et Catherine Samie. L’épilogue, jolie scène sobre, riche en silence et en émotion entre Nathan et son père (Richard Berry), donne un aperçu de la puissance qu’aurait pu avoir le film si Élie Chouraqui n’avait pas fait des choix aussi didactiques.