L'Oranais
Tandis que l’Algérie célèbre son indépendance, Djaffar (Lyès Salem), héros maquisard, retourne au village parmi les siens. Son allégresse tourne court lors qu’il apprend la disparition de son épouse déshonorée par un soldat français et l’existence d’un petit garçon, né de ce crime honteux. Djaffar peine à retrouver ses repères, d’autant plus que son amitié indéfectible envers Hamid (Khaled Benaïssa), désormais investi dans la politique du pays, commence à s’émousser.
Devant et derrière la caméra, Lyès Salem (Mascarades, 2008) associe la fêlure intime aux mutations parfois impénétrables de la grande Histoire. Acclamé dès son retour au pays, celui que l’on surnomme le Commandant entame un itinéraire à contre‑courant d’une Algérie décolonisée, qui se cherche et se perd après la liesse, à l’instar de ses amis d’enfance. On retrouve ainsi l’inexorable scission d’un groupe, dont les idéaux partagés durant la guerre s’égrènent une fois mis à l’épreuve des chemins sinueux de la liberté.
Cette guerre qui regagne le champ sous la forme d’une représentation théâtrale, pour montrer qu’elle agit encore sur la mémoire blessée de Djaffar, puis d’une communauté entière. Par certains aspects, L’Oranais rappelle les fresques épiques d’Alexandre Arcady (Le grand pardon, Ce que le jour doit à la nuit) ou de Michael Cimino (The Deer Hunter).