L'opéra de quat'sous
Dans un bouge sordide de Londres, Mackheath surnommé Mackie‑le‑Surineur (Albert Préjean) s’éprend de la ravissante Polly (Florelle). Ils se marient aussitôt, mais Peachum (Gaston Modot), père de la jeune femme et roi des mendiants, s’oppose fermement à cette union. Il se met alors en tête de faire arrêter le dangereux criminel.
À l’origine une pièce de théâtre de Bertolt Brecht (1928), L’opéra de quat’sous porté à l’écran par Georg Wilhem Pabst (Loulou avec l’iconique Louise Brooks, 1929) réunit toute une frange marginalisée de la société et détermine un système de hiérarchie ambigu établi par elle, en dépit de son indigence commune. Ainsi, Peachum n’hésite pas à malmener les mendiants de sa petite entreprise pour quelque monnaie supplémentaire, des prostituées se disputent l’affection de Mackie, quant à Tiger Brown (Jacques Henley), chef suprême de la police, il partage volontiers un verre avec le criminel, après avoir été son compagnon de guerre dans les Indes.
Les partitions issues du folklore populaire alternées avec les compositions délicates de Kurt Weill commentent à leur tour les splendeurs et coups fourrés de ce microcosme joyeusement canaille. Ce chef‑d’œuvre contemporain de l’arrivée du parlant fut restauré par la German Film Archive en 2005. À voir et/ou à revoir.