L'œuf du serpent
Poursuivi pour fraude fiscale à la fin des années 1970, Ingmar Bergman fuit la Suède et s’installe aux États-Unis. Là, le grand producteur Dino de Laurentis lui propose de réaliser le film de ses rêves. Ce sera L’œuf du serpent, une superproduction de la MGM qui se déroule au mois de novembre 1923, au moment où le jeune Hitler rate son putsch munichois. Mais partout, « l’œuf du serpent », dont la fine membrane laisse déjà entrevoir le parfait reptile, est en train d'éclore.
David Carradine incarne ici un trapéziste juif, Abel Rosenberg qui, un soir, découvre le cadavre de son frère, suicidé d’une balle dans la tête. Après avoir été soupçonné par la police, Abel se rapproche de Manuella (Liv Ullman), sa belle-sœur, et s’engage bientôt dans une relation amoureuse destructrice.
Film pesant, oppressant, très influencé par le cinéma expressionniste allemand, L’œuf du serpent livre du Berlin des années 1920 une image glauque et grise, entre cabarets sordides, rues désertes, misère humaine et petit Mengele qui, dans les coursives d’une clinique, s’adonne à des expériences médicales terrifiantes.
L’œuf du serpent, ce sont bien sûr les graines du nazisme, cette terreur sans nom qui empoisonne les esprits et dont le réalisateur de Cris et chuchotements livre une vision impressionnante. Une œuvre délaissée à tort par les amateurs de Bergman. À redécouvrir.