L'innocent
Italie, fin du XIXe siècle. Tullio Hermil (Giancarlo Gianini) entretient une liaison avec la belle Teresa Raffo (Jennifer O’Neill). Peu soucieux du qu’en‑dira‑t‑on, l’aristocrate romain s’affiche avec elle dans les salons mondains, au détriment de son épouse brimée (Laura Antonelli). Lorsque celle-ci s’éprend d’un écrivain à la mode, Tullio, se sentant dépossédé, revient vers elle et apprend sa grossesse…
Librement adapté du roman L’intrus de Gabriele D’Annunzio, L’innocent, quatorzième film de Luchino Visconti, vient clore la prodigieuse filmographie du maître italien. Pressenti pour le rôle principal, Alain Delon, l’intrépide Tancrède dans Le Guépard, cédera finalement la place à Giancarlo Giannini, l’acteur fétiche de Lina Wertmüller (Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été, Pasqualino). Aristocrate oisif, le comte Tullio, personnage nietzschéen, se croit au‑dessus des lois, son obsession pour la liberté combinée à son mépris de la religion (il choisira la nuit de Noël pour commettre l’irréparable) sonne comme un prélude à l’ère fasciste qui anéantira sa classe.
Un drame crépusculaire réalisé dans des conditions difficiles, car l’état de santé de Visconti, âgé de 70 ans, s’est considérablement dégradé depuis son AVC. C’est en fauteuil roulant que le cinéaste tourne et dépasse les contraintes du huis clos. Repérez sa main droite qui tourne les pages du roman D’Annunzio lors de la séquence inaugurale, dans un geste mélancolique, comme un adieu au temps d’avant.