L'île du Dr Moreau
Troisième adaptation du roman éponyme de H.G. Wells (1896), L’île du Dr Moreau, sous la férule de John Frankenheimer (Un crime dans la tête, Le train), explore le devenir d’une nature dénaturée, dès lors que l’Homme y a investi ses expérimentations mégalomanes.
Marlon Brando interprète un Docteur Moreau patibulaire, proche du Kurtz d'Apocalypse Now, dont l’hystérie scientifique épouse la caricature d’un colon en surpoids et à l’épiderme suintant à cause du soleil. Il faut dire que l’odyssée transgénique est aussi moite que périlleuse, et à notre grand regret, complètement surfaite.
Dans un territoire peuplé de bêtes domestiquées, le conflit entre la nature et la science opère avec bien des difficultés. C'est à croire que le maquillage n’adhère pas aux traits grossiers de ces hommes‑singes décidés à revendiquer leur droit à l’identité et au territoire (l’idée géniale du roman, malheureusement mal exploitée dans le film).
On préférera s’accrocher à une autre référence du genre, la formidable Planète des singes (Franklin Schaffner, 1968), de trente ans son aîné, ou encore à la meilleure adaptation du roman de H.G Welles, Island of Lost Souls, réalisée par Earl C. Kenton en 1933 avec un Charles Laughton inspiré.