L'homme qui voulait vivre sa vie
Derrière l’image du père de famille heureux parmi les siens et à son travail, Paul Exben (Romain Duris) rumine. Cette vie‑là, il ne l’aime pas, et celle dont il rêve, il n’a jamais osé s’y aventurer. Tandis que sa relation avec sa femme se dégrade, le destin va le rattraper et l’obliger à tout quitter. L’opportunité de vivre sa vie, enfin.
Si L’homme qui voulait vivre sa vie repose sur le roman éponyme de l'écrivain à succès Douglas Kennedy, sa réussite au cinéma tient beaucoup au travail de ses auteurs et de son metteur en scène. Compte tenu de la complexité du roman (rebondissements en série, portions de vies taille XXL), la partie était loin d’être gagnée. Après avoir gardé l'essentiel des 450 pages du roman et concocté un casting de choix, Éric Lartigau est parvenu à s'approprier totalement ce film, à lui donner une âme. Un petit miracle inattendu où tout fonctionne, de la mise en scène sobre à la photographie léchée (il ne pouvait en être autrement, le personnage principal rêvant de devenir photographe).
Une quête d’identité filmée caméra à l’épaule du point de vue presque exclusif de Paul Exben (Romain Duris) qui, très vite, nous invite à rentrer dans son univers, sa passion dévorante, sa vie. Et bientôt, ce n'est plus de lui dont il s'agit, mais de nous. C'est sans doute une des grandes réussites du film, opérant une sorte de double transfert d'identité sur fond de thriller initiatique, genre que le cinéma français peine généralement à capter.
Une prouesse que l'on doit aussi à Romain Duris, qui endosse ici un de ses meilleurs rôles. Quant à Niels Arestrup, comme toujours, il explose littéralement à l'image. Malgré quelques clichés ou invraisemblances finalement peu gênants, voici un voyage (intérieur) à vivre absolument.