L'homme-léopard
Afin d’impressionner l’assemblée, le promoteur Jerry Manning (Dennis O’Keefe) propose à sa danseuse Kiki (Jean Brooks) de se produire avec un léopard lors de son numéro. L'attente est à son comble du côté des spectateurs, mais Clo Clo (Margo), lancée dans son ballet de castagnettes en première partie de spectacle, ne souhaite pas perdre leur attention et parvient à mettre le félin en fuite grâce au rythme énergique de sa danse. Le léopard dans la nature, les meurtres de jeunes femmes s’accumulent. Rongé par la culpabilité, Manning mène sa propre enquête et reste convaincu que l’animal n’est pas totalement responsable.
Troisième et dernier opus de la trilogie du fantastique produite par Val Lewton, L’homme‑léopard fut à la fois un échec critique et une œuvre mineure selon Jacques Tourneur. La faute aux palpitants enjeux dramatiques et à la puissance hypnotique de ses prédécesseurs, La féline (1942) et Vaudou (1943).
On n'y retrouve cependant la virtuosité formelle du cinéaste : chaque plan de rue déserte, dans laquelle déambule une victime potentielle, se prolonge vers l’imminence d’un hors‑champ menaçant : des yeux perçants dans l’obscurité, le bruit assourdissant d’un train, le craquement d’une branche dans un cimetière ou encore le sang qui se répand sous une porte… Soit autant de détails qui composent cette mécanique angoissante du hors‑champ par laquelle « l’horreur se fait dans l’esprit du spectateur ».