L'héritière
Austin Sloper (Ralph Richardson), veuf et médecin réputé, vit avec sa fille Catherine (Olivia de Havilland) dans le quartier résidentiel de Washington Square. Tous deux entretiennent des rapports distants. Le docteur Sloper, blessant et psychorigide, reproche à sa fille son manque de charme et d’esprit.
Un soir, tandis qu’elle se rend au bal accompagné de son père et de sa tante, Catherine se fait aborder par un jeune homme d’une grande élégance, Morris Townsend (Montgomery Clift) qui, très vite, lui fait des avances. Naïve et dotée d’une gentillesse naturelle, Catherine succombe immédiatement aux belles promesses du jeune homme, sans se douter que celui-ci n’en veut qu’à sa fortune. En dépit de l’opposition radicale de son père, la jeune femme s’entête à croire aux prétendus sentiments de Morris malgré une longue nuit d’attente vaine, censée concrétiser leur union. Les années passent, le père de Catherine disparaît et Morris refait son apparition, tenant le même discours sur son engagement et son désir de s’unir à elle. Mais à force de déceptions, l’héritière meurtrie a perdu son innocence pour se forger une carapace solide.
Conte cruel d’un pessimisme poignant, L’héritière est un chef-d’œuvre du cinéma classique hollywoodien. William Wyler (La vipère, L’insoumise) saisit avec justesse et sans pathos la pureté du cœur humain, avant que celui-ci ne soit entaché par les funestes desseins d’autrui.
L’évolution inattendue de Catherine, la façon dont le cinéaste parvient à nous emprisonner avec elle (utilisation magnifique des barreaux, clairs-obscurs récurrents renvoyant à la psychologie torturée de l’héroïne) et le final d’une dureté bouleversante, justifient probablement les multiples récompenses du film à la cérémonie des Oscars de 1950.