L'étrangleur de Rillington Place
Ancien médecin militaire, John Christie (Richard Attenborough) loue le dernier étage de son immeuble à de jeunes parents de condition modeste. Lorsque Beryl Evans (Judy Geeson) tombe à nouveau enceinte, elle sollicite, avec l'accord de son conjoint Tim (John Hurt), l'aide de Christie pour interrompre sa grossesse. Tous deux ignorent qu'ils ont affaire à un redoutable tueur en série.
Inspiré de faits réels, L'étrangleur de Rillington Place remet au goût du jour la problématique du Mal et de son impunité, déjà appréhendée dans Le génie du Mal en 1959. Filmée majoritairement en huis clos, la première partie du drame prouve, une fois de plus (voir la réalisation pointue de Terreur aveugle conçu la même année) la virtuosité du cinéaste, fondée sur une très grande économie de moyens.
Le glauque nourri de suspense s'articule entre deux pièces exiguës et un petit jardin pour stocker les cadavres. Puis, une fois que le Mal a rejoint les rangs arbitraires du tribunal, ce sont les failles du système pénal que Fleischer remet profondément en cause, puisque Tim innocent (formidable John Hurt en prolo illettré et manipulable) est condamné à la place du coupable. L'interprète du serial killer, Richard Attenborough, a confié avoir accepté ce rôle peu aimable dans le but de dénoncer l'injustice de la peine de mort. Ainsi, derrière le thriller psychologique perturbant, se manifeste un véritable plaidoyer contre sa nature cruelle et arbitraire.