L'étrangleur de Boston
Voici l’un des meilleurs opus de Richard Fleischer et l’un des classiques du film de serial killer. Réalisé en 1968, L’étrangleur de Boston s’inspire de l’affaire De Salvo, serial killer qui terrorisa dans les années 1960 la ville de Boston, jusqu’à son arrestation en 1966.
Le premier coup de génie de Fleischer fut d’avoir confié le rôle de De Salvo à Tony Curtis, acteur plus connu pour ses rôles de séducteur (Certains l’aiment chaud, Opération jupons). Le deuxième relève de la mise en scène puisque le film est resté célèbre, notamment grâce à son utilisation vertigineuse du split‑screen, technique d’écrans multiples popularisée ensuite par L’affaire Thomas Crown et Brian de Palma, qui en fit un usage systématique.
Faisant écho à la personnalité clivée du tueur et à la paranoïa qui s’empara de la ville, le split‑screen permit aussi à Fleischer d’aborder l’affaire à partir de ses conséquences sur une population terrorisée et une police impuissante, et de retarder au maximum (une heure d’attente) l’apparition de Tony Curtis, filmé comme un monstre et un humain, à la manière des deux criminels paumés de De sang‑froid, le film glaçant de Richard Brooks sorti l’année précédente. Face à lui, l’attorney général, interprété par Henry Fonda, mène une enquête rigoureuse, qui révèle au passage tous les non‑dits de l’époque (l’opinion est d’abord convaincue que le tueur est un Communiste, puis un homosexuel).
Un chef‑d’œuvre auquel Fleischer ajoutera un codicille en 1970, avec L’étrangleur de Rillington Place.