L'avocat
Après un premier film plutôt lent et mutique (Le tueur), Cédric Anger, scénariste pour Xavier Beauvois et Werner Schroeter, change de braquet et signe un polar rapide, dynamique et solaire, un film de genre à la française sympathique, mais qui tire difficilement son épingle du jeu.
À peine sorti du barreau, Léo (Benoît Magimel), un avocat ambitieux qui évoque parfois le Keanu Reeves de L’avocat du Diable dont le film d’Anger est un remake caché, intègre un grand cabinet et accepte un jour de prendre la défense du sulfureux Paul Vanoni (Gilbert Melki), le patron d’une usine de déchets connu pour ses méthodes pour le moins mafieuses. Léo obtient l’acquittement de son client, lequel lui propose de travailler pour lui à l'année.
L’avocat possède au moins une qualité : sa vitesse, sa croyance dans un scénario riche en rebondissements qui tranche avec le tout‑venant bavard et immobile du jeune cinéma d’auteur français. Pour le reste, Benoît Magimel manque cette fois de crédibilité (la séquence de plaidoirie fait peine à voir) et n’incarne jamais vraiment cet avocat candide qui plonge corps et âme dans ce qui aurait dû ressembler à l’enfer. L’ensemble reste très propre, très lisse, et évite l’ambiguïté qui aurait permis au film d’acquérir un peu de profondeur. Ici, Léo est d’abord naïf, se rend compte qu’il glisse sur une mauvaise pente, puis se transforme en quelques minutes en agent du Bien. Même si l’entreprise est sympathique, le résultat est un peu court.