L'astronaute
Ingénieur en aéronautique chez Ariane Group, Jim (Nicolas Giraud), dans le plus grand secret, se consacre à un projet : construire une fusée spéciale destinée au premier vol spatial amateur habité. Mais pour réaliser son rêve, il doit apprendre à le partager.
Dans la veine des premiers films du duo Spielberg/Joe Dante
Le réalisateur de L'astronaute, Nicolas Giraud, est avant tout comédien depuis plus de 20 ans alternant les rôles à la télévision et au cinéma, principalement sur des projets exigeants. Cela fait autant d’années qu’il rêvait de passer derrière la caméra. En 2018, il signait enfin avec Du soleil dans mes yeux, son premier long remarqué au Festival d’Angoulême mais passé relativement inaperçu en salles et dans la presse.
Avec L'astronaute, la donne change puisque le film est dans l’ensemble bien accueilli par la critique. Il ne restera néanmoins que cinq semaines en exploitation. Sa sortie en Blu-Ray est donc l’occasion de redonner une chance à ce film à la fois ambitieux et poétique qui lorgne du côté des premiers films du duo Spielberg/Joe Dante millésime années 80. Un temps où ses deux grands enfants se racontaient en filmant des aventures à la fois hors de commun et ancrées dans la réalité la plus banale.
Viser la lune…
On ne va pas se le cacher, en général, on se méfie des films SF français, souvent à juste titre d’ailleurs. Si L'astronaute n’échappe pas tout à fait au syndrome « Ah, j’aurais bien aimé voir un remake américain de cette histoire (lire ‑avec plus de moyens‑) », il n’en reste pas moins très attachant, car sincère et surtout extrêmement personnel.
Nul besoin d’être un cinéphile aguerri pour comprendre que ce que raconte en substance le réalisateur à travers son film, c’est la difficulté de concrétiser son rêve (d’espace ou de cinéma), que tout passe par la force du collectif et qu’in fine pour réussir : il faut surtout réussir à embarquer tout le monde avec soi dans son rêve un peu fou.
La mise en abyme cinéaste/astronaute est d’autant plus prégnante durant tout le film que le réalisateur s’est offert le premier rôle et qu’il a également confié celui de son mentor à un autre acteur/réalisateur : Mathieu Kassovitz (très bon dans un registre de Thomas Pesquet, vieillissant). Un réalisateur connu pour régulièrement s’épancher sur les difficultés d’être un réalisateur exigeant face au poids de l’industrie cinématographique actuelle.
… atteindre les étoiles
Le manque de moyens (mais pas d’ambition) a poussé Nicolas Giraud à une certaine radicalité dans sa mise en scène et à préférer l’épure à l’esbroufe, sans pour autant se reposer sur les ellipses. On sent que tout fut pensé, non seulement par souci d’efficacité, mais aussi de cinéphilie. Assurément, Nicolas Giraud a le sens du cadrage et sait remplir le vide. Il est aidé d’une très belle partition musicale, signée Superpoze.
Bien évidemment, cela aboutit à un film étrange parfois bancal, à la fois sec et lumineux tant l’énergie déployée par son héros rayonne (quitte à parfois agacer), mais qui ne laissera pas indifférent. Si L'astronaute raconte un rêve de gosse, il reste néanmoins à hauteur d’homme et c’est ce qui fait son charme. Tout le monde peut se reconnaître en Jim/Nicolas Giraud, et l’envier. Lui en vieillissant n’a pas lâché ses rêves. Il nous offre une belle balade. Certes pas au bord de sa Chrysler, mais à bord d’une fusée, ce qui est pas mal aussi…