L'assassin
Réalisé en 1961, L’assassin est le premier film du grand Elio Petri, futur réalisateur phare du cinéma italien engagé des années 1970, à qui on doit notamment La classe ouvrière va au paradis et Enquête sur un citoyen au‑dessus de tout soupçon.
Avec L’assassin, Petri trouve d’emblée un ton unique, à la fois drôle et grinçant, où se mélangent comédie italienne, thriller et critique sociale. Alfredo Martelli (Marcello Mastroianni), un antiquaire romain plutôt séduisant, voit un beau matin une escouade de policiers débarquer chez lui : accusé d’un meurtre dont il ne sait encore rien, Martelli va plonger dans ses souvenirs afin de comprendre de quoi il est accusé, et découvrir, au fil des séquences, une personnalité pour le moins problématique.
Tout l’univers de Petri est déjà là : une façon étrange de conjuguer des éléments et des motifs issus de genres différents, le sentiment kafkaïen d’un monde qui complote contre ses individus (on pense parfois au Procès de Welles avec ses décors labyrinthiques, ses intérieurs étriqués et ses bureaucrates inquiétants), un traitement proche de la farce et une vision de la société et des rapports de forces ouvertement marxiste.
À noter, dans le rôle du commissaire, la présence du génial Salvo Randone, comédien fétiche de Petri (c’est lui qui interprètera le rôle principal des Jours comptés) et de la jeune Micheline Presle, qui prête ses traits à la maîtresse de Martelli. Un bijou à redécouvrir impérativement.