par Jean-Baptiste Thoret
09 juillet 2024 - 11h41

L'armée des ombres

année
1969
Réalisateur
InterprètesLino Ventura, Simone Signoret, Claude Mann, Paul Crauchet
éditeur
genre
sortie
08/07/2024
notes
critique
10
10
label
A

« Mauvais souvenirs, soyez aussi les bienvenus, vous êtes ma jeunesse lointaine », indique un carton au début de L'armée des ombres, le chef‑d'œuvre de Jean‑Pierre Melville. Ce n'est qu'en 1969 que l'homme aux lunettes noires et au stetson vissé sur la tête réalise sans doute le film qui lui tient le plus à cœur. Après s'être imposé dans le polar (Le doulos, Le samouraï, Le deuxième souffle), Melville entreprend de filmer une période qu'il a bien connue, puisqu'il fut lui‑même résistant.

 

Un film majeur d'une grande pudeur

« L'armée des ombres », soit ces milliers d'hommes et de femmes anonymes qui, pendant l'Occupation allemande, ont tenté de résister clandestinement. Ce que montre le film de Melville à travers une poignée d'entre eux (Ventura, Signoret, Crauchet…), c'est un quotidien où le moindre des gestes peut vous conduire en cellule ou dans le couloir de la mort. Ici, la prise de risque est maximale, et pourtant, le résultat est souvent minime : passer un poste de radio, donner à manger à quelqu'un… Une série d'actes anodins qui a permis à la Résistance de s'organiser.

 

Film d'une grande pudeur et d'une intelligence de mise en scène incroyable, L'armée des ombres, proposé ici en version restaurée de toute beauté, est tout simplement indispensable.

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test
4k
blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
08/07/2024
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 143', couleurs
1.85
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Français audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants, anglais
7
10
image

Restauré à partir des négatifs 35 mm originaux avec nouveau scan 4K, puis étalonnage et nettoyage numériques, le rendu très frais sublime les teintes bleutées et brunes du film, tout comme l'atmosphère tendue tout en ombres et contrastes. Le rendu est assez bluffant de précision, d'authenticité et surtout de stabilité. Les couleurs, les contrastes et la définition sont hyper‑pointus, c’est un régal, même si quelques défauts subsistent dans les arrière‑plans (matte painting et nuit américaine bien visibles) et que le gros grain n'a pas totalement disparu de certaines séquences en extérieur. Par rapport au Blu‑Ray précédemment sorti, avec le HDR Dolby Vision, on gagne encore en lumière, en couleurs, en noirs débouchés. Une grande modernité et une grande lisibilité même s'il reste sans doute encore une marge de progression.

7
10
son

Économe et posé mais remarquable sur le plan sonore. Les compositions de Éric Demarsan (Le cercle rouge, Les spécialistes, Cette femme‑là) et les dialogues feutrés livrent une partition classieuse et intense. Un zeste d'acidité parfois et des bruitages un peu marqués, mais rien de grave. Une bande‑son magistrale et claire qui n'en fait jamais trop. 

9
10
bonus
- L'armée des ombres… le dessous des cartes, documentaire de Dominique Maillet (87')
- Jean-Pierre Grumbach dit Cartier dit Melville… résistant et cinéaste (39')
- Livret de 16 pages rédigé par Olivier Bohler

Le document L'armée des ombres… le dessous des cartes était déjà connu mais permet de nous replonger dans l'univers de Melville. Les différents intervenants (dont le chef‑opérateur du film) reviennent sur son style, son attitude sur les tournages (froide, on sait aujourd'hui que le courant ne passait du tout avec Lino Ventura, ils ne s'adressaient la parole uniquement via un intermédiaire), ses choix (l'apparition du faux Charles de Gaulle, en fait, un comédien de carrure équivalente doté d'un masque peint sur la moitié du visage seulement) et la place immense de ce film dans sa carrière. Enrichissant.

 

Le nouveau document inédit de Dominique Maillet toujours donne la parole à Philippe Labro, ami intime de Melville, et au critique cinéma Serge Blumenfeld. Le premier montre un document secret de l'état‑major de Charles de Gaulle, un interrogatoire pour sonder le résistant Melville sur ses états de service avant de le faire entrer dans les forces des FFC (Forces françaises combattantes). Blumenfeld insiste sur le fait que le penchant naturel de Melville pour l'art d'en rajouter et d'enjoliver ne concernait pas le domaine de la guerre (tout a été parfaitement documenté).

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