par Nicolas Bellet
07 octobre 2024 - 16h18

L’amour ouf

année
2024
Réalisateur
InterprètesFrançois Civil, Adèle Exarchopoulos, Mallory Wanecque, Malik Frikah
éditeur
genre
sortie salle
16/10/2024
notes
critique
5
10
A
Malik Frikah et Mallory Wanecque © Cédric Bertrand/Trésor Films/Chi-Fou-Mi Productions/Shelter Prod/Artémis Productions/France 2 Cinéma
Malik Frikah et Mallory Wanecque © Cédric Bertrand/Trésor Films/Chi-Fou-Mi Productions/Shelter Prod/Artémis Productions/France 2 Cinéma
© Cédric Bertrand/Trésor Films/Chi-Fou-Mi Productions/Shelter Prod/Artémis Productions/France 2 Cinéma
© Cédric Bertrand/Trésor Films/Chi-Fou-Mi Productions/Shelter Prod/Artémis Productions/France 2 Cinéma
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Dans les années 80, Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traîne. Un jour, ils se croisent et c'est l'amour fou. La vie s'efforcera de les séparer, mais rien n'y fait.

La chanson des deux aimants

Le film, qui sort au cinéma le 16 octobre, commence par la mort de son héros. François Civil, glacial de radicalité, parti dans une virée punitive filmée magnifiquement en ombres chinoises. L’issue sera fatale et même frontale, si l’on en croit la balle qui vient soudainement se loger dans sa tête. Dès le début, le ton est donné : l’expérience cinématographique proposée par Gilles Lellouche‑réalisateur, six ans après Le grand bain, ne sera pas de tout repos et s’adressera directement aux tripes. Parfois malheureusement en ratant sa cible, mais souvent en l’atteignant en plein cœur. L’histoire qu’il nous propose est une histoire mâtinée de Sailor & Lula, de Tueurs nés, de 37.2 le matin, dans laquelle la vie et l’amour sont hors normes, à la fois violents et passionnés, mus par la destinée.


Les deux amants que tout oppose et que tout opposera, mais attirés comme deux aimants, nous sont racontés à deux âges de leur vie : adolescent et adulte. D’un côté, Malik Frikah (Apaches) et Mallory Wanecque (Les pires). De l’autre, François Civil et Adèle Exarchopoulos. Étonnamment, ce sont les jeunes acteurs qui emportent la mise. Ils sont touchants, solaires et puissants. On ressent l’alchimie qui les lie. Les spectateurs les découvrent à l’instar de leurs personnages qui s’apprivoisent mutuellement. François Civil et Adèle Exarchopoulos en revanche, comme le reste du casting d’ailleurs (Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean‑Pascal Zadi, Karim Leklou, Raphaël Quenard et Anthony Bajon), font partie de notre cinéphilie depuis longtemps. En ce sens, le casting n’est pas assez équilibré. C’est un peu dommage tant L’amour ouf donne in fine l’impression d’assister à deux films mis bout à bout. L’un forcement plus fougueux que l’autre. Tous jouent très bien, là n’est pas le problème, mais il y a vraiment deux socles, deux temporalités, deux castings bien différents. Un montage éclaté et non linaire aurait peut‑être aidé.

Ouf ou pas ?

Heureusement, il y a un lien indéniable dans le film : la réalisation de Gilles Lellouche. À coups de plans virtuoses, souvent tape‑à‑l’œil (qui peuvent agacer), le réalisateur raconte son drame romantique avec emphase. Lellouche a fait ses armes dans les vidéoclips (Dany Brillant, Pascal Obispo, Mc Solaar, NTM) et cela se ressent à chaque plan orchestré au millimètre et à l’image ultra‑travaillée (et bien saturée !). La spontanéité manque un peu, mais pas l’efficacité. Les trois heures du film passent très vite, bien que l’histoire, somme toute classique, n’amène pas trop de surprises. D’aucuns pourront reprocher au film une certaine naïveté et une auto‑complaisance filmique, mais c’est le contrat que Lellouche passe d’emblée avec son spectateur. Il n’est pas question de réalisme, mais d’exceptionnel, à l’image de l’amour qui unit les deux héros et surtout de l'épilogue jubilatoire à la Tarantino.


Reste que l’efficacité et la maîtrise (de la caméra et du jeu des comédiens) aboutissent aussi à une certaine froideur que l’on ne devrait pas ressentir dans une histoire d’amour aussi brûlante. À force de nous en mettre plein la vue et les oreilles (superbe bande‑son !), le film manque un peu du souffle et du romantisme qu’il raconte. Ce n’est pas un hasard si les plus belles scènes du film sont celle de la rencontre entre la mère de Clotaire (Élodie Bouchez) et le père de Jackie (Alain Chabat), père poule génial. Ce sont les moments intimes du film, sans esbroufe et sans enjeux, juste des moments de vie.

 

Sans doute ce dont parle le mieux le film, même si ce n’est pas du tout son sujet…

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