L'amour est un crime parfait
Les frères Larrieu ne cessent se surprendre par leur approche souvent très personnelle de différents genres (comédie, comédie dramatique, fantastique) qu'ils soumettent à une vision toujours très personnelle, faite de cadres ciselés mais de personnages cassés, d'image léchée mais de fougue hyper‑sexualisée, de casting très français mais d'humour absurde très british... Il restait à voir s'ils allaient, avec ce thriller racontant la descente aux enfers d'un prof de littérature tombant amoureux de la mère de la jeune fille qu'il a peut‑être tuée, réussir à faire aussi bien qu'avec Les derniers jours du monde, fougueuse errance existentielle et charnelle avant l'apocalypse.
Ce qui désarçonne en premier lieu est le jeu très « littéraire » de Mathieu Amalric, qui sort ses lignes de dialogues comme s'il passait le concours d'entrée à la Comédie française. Un parti pris bien sûr en lien avec la fonction du personnage, mais aussi à sa nature profonde d'homme souhaitant cacher ses pulsions sous un vernis civilisé. Réussir à sauver les apparences alors que notre être nous pousse à la folie et à l'abandon, c'est d'ailleurs tout le sujet de L'amour est un crime parfait.
Dommage que les cinéastes ne parviennent pas à maîtriser les éléments inhérents au genre qu'ils abordent, leur mise en place d'un univers très hitchcockien ‑mais à travers un prisme inversé‑ souffrant d'une certaine rigidité (presque cadavérique), comme si le cadre ultra‑high‑tech de l'université prise comme décor et les paysages enneigés avaient engoncé les frères Larrieu dans une rigueur trop contraignante, qui se heurte de plein fouet à la tempête psychologique et physique qui anime tous les personnages.
À force de vouloir souffler le chaud tout un imposant le froid, L'amour est un crime parfait ne peut que laisser une impression de tiédeur, d'inachevé. On dit que le crime parfait n'existe pas. Est‑ce un hasard ?