L'amiral
L’amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak (Konstantin Khabenskiy), connu pour son héroïsme durant les batailles navales menées en mer Baltique durant la Première guerre mondiale, est nommé commandant de l’Armée blanche, celle qui lutta contre l’Armée rouge durant la révolution bolchévique. Père aimant et mari fidèle, il tombe pourtant sous le charme d’Anna Timireva (Elizaveta Boyarskaya), épouse de l’un de ses amis. Dès lors, ils ne cesseront de s’aimer, malgré la guerre, malgré la distance.
Véritable blockbuster (le budget est estimé à 22 millions de dollars, chiffre considérable pour une production russe), L’amiral raconte la vie et les exploits militaires d’Alexandre Vassilievitch Koltchak, personnage qui fut pendant longtemps considéré comme un ennemi du peuple en raison de son positionnement antirévolutionnaire, et actuellement en cours de réhabilitation par le gouvernement russe.
À ce titre, cette fresque historique, qui rend hommage à Koltchak, semble lorgner vers la production patriotique et manichéenne. Affichant une vision trop unilatérale des faits, L’amiral tend en effet à écarter certaines facettes du personnage (ainsi que de l’Armée blanche), et laisse de côté les enjeux politiques de cette époque tourmentée, faisant fi des motivations des Bolchéviques, relégués au second plan et dépeints comme des adversaires froids et expéditifs.
Certes, le sujet du film était avant tout la passion impossible entre Koltchak et Anna Timireva ; la révolution russe n’étant en fin de compte qu’une toile de fond servant à valoriser l’amiral, son courage, son engagement pour sa patrie et sa foi. Mais le réalisateur Andrey Kravchuk passe à côté de son histoire, hésitant entre film de guerre, biographie et romance.
On perçoit aussi l’envie de livrer une superproduction qui pourrait concurrencer les films hollywoodiens, notamment via les scènes de batailles et les effets spéciaux et pyrotechniques. Mais au‑delà du manque de précision historique et de liant dans la succession des événements, c’est surtout de fougue, de rythme et de souffle épique dont est dépourvu cet Amiral, qui peine à donner corps aux sentiments profonds qui animèrent ces deux êtres.