L'aigle et l'enfant
Alpes, années 60. Lukas, enfant silencieux d’un forestier autoritaire, recueille Abel, un jeune aiglon tombé du nid et l’élève avec l’aide de Danzer, le garde‑chasse. Abel et Lukas grandissent, mais inévitablement, l’aigle prend un jour son envol alors que plane dans le ciel l’ombre menaçante de son frère Caïn.
L’aigle et l’enfant est un film double : le récit de la jeunesse d’Abel, jeune aiglon apprenant la vie sauvage après avoir été jeté hors du nid, et celui de Lukas, enfant bloqué dans le silence après un trauma familial. On le comprend vite, les réalisateurs Gerardo Olivares et Otmar Penker espèrent dessiner un parallèle entre le destin de l’aigle et celui de l’adolescent. Ils adoptent pour ce faire à la fois certains codes visuels de films animaliers et ceux d'œuvre dramatiques de l'époque. Mais l'entreprise est bancale. Car si l’exploration de l’univers et des mœurs des rapaces offre de splendides séquences animalières, la trajectoire beaucoup plus banale de Lukas laisse de marbre malgré un soin évident dans les cadrages et la photographie.
Pour rendre plus lisible et plus grand public ce récit d’apprentissage, les réalisateurs font aussi le choix d’employer une allégorie lourde (les frères ennemis Abel et Caïn) et demandent à Jean Reno (Danzer) d’assurer une voix off qui souligne, ponctue et finalement plombe d'explications des péripéties pourtant guère compliquées à suivre. On reste partagés ‑disons même franchement agacés‑ par cette cascade de maladresses formelles et scénaristiques.
Il faut malgré tout reconnaître à L'aigle et l'enfant deux immenses qualités : des séquences documentaires exceptionnelles et souvent stupéfiantes liées aux aigles, et une mise en beauté indiscutable des montagnes et forêts du Tyrol où le film a été tourné.