L'affaire Grodji
Ce fut l’affaire qui envenima la première cohabitation (1986‑1988), déjà épineuse, entre François Mitterrand, alors président de la République, et Jacques Chirac, son Premier ministre.
L’affaire Grodji, que Guillaume Nicloux a choisi de retracer sous la forme d’un téléfilm, part déjà d’un bon pied : confier à Thierry Lhermitte le rôle de Chirac, et à Michel Duchaussoy, celui de Mitterrand. Cette volonté de ne pas chercher une quelconque ressemblance physique ou effet de mimétisme dit bien le désir de Nicloux de trouver un juste point d’équilibre entre la réalité et le romanesque, comme en témoigne Michel Houellebecq dans le rôle du directeur de la DST, ou Éric Ruf, cheveux longs et blonds, dans celui de Philippe Léotard.
La réalité, ce fut ces attentats qui, au milieu des années 1980, secouèrent la France. Puis Wahid Gordji, traducteur à l’ambassade d’Iran en France, qui aurait servi de monnaie d’échange contre la libération des otages français détenus au Liban (ce fut d’ailleurs l’objet d’un épisode fameux lors du débat télévisé qui opposa Chirac et Mitterrand en 1988).
Le romanesque, c’est la façon dont Nicloux tente de retrouver la vérité de l’exercice de l’État, ce sentiment d’un monde clos et étouffant où, entre les mains d’une poignée d’hommes, se décide le destin de la France. Des couloirs du RPR aux officines secrètes, du palais de l’Élysée aux cabinets des ministres, L’affaire Gordji constitue un petit bijou d’analyse politique qui, comme toujours, se rabat à un rapport entre hommes obsédés par la conquête du pouvoir. Une bonne surprise.