L'Abbé Pierre : une vie de combats
Né dans une famille aisée, Henri Grouès eut une vie bien remplie. Il fut résistant, député, défenseur des sans‑abri, révolutionnaire, figure incontestée de la lutte contre la misère sous le nom de l’Abbé Pierre. Ce film raconte son histoire.
L’Abbé C D…
Difficile de faire plus hagiographique que cet Abbé Pierre : une vie de combats. Et pourtant, difficile aussi d’en vouloir à son réalisateur, Frédéric Tellier (L’affaire Sk1, Sauver ou Périr), tant son sujet (Henri Grouès) était sans conteste un être d’exception. Mais certainement aussi un homme avec ses parts d’ombre dont certaines, notamment sa relation avec sa « collaboratrice » Lucie Coutaz (Emmanuelle Bercot), sa passion pour la vie médiatique ou encore son rapport ambigu au pouvoir, ne sont pas assez explorées pour que le film soit totalement équilibré.
On en apprend toutefois énormément sur la vie et les combats de celui qui prit comme nom de résistant « Abbé Pierre ». On découvre un homme à la destinée incroyable, superbement interprété par un Benjamin Lavernhe à la hauteur de son sujet (quoique bien trop grand pour le rôle, un détail que l’on oublie très vite). On découvre également plein d’anecdotes vraies ou légendaires sur l’Abbé. Mais au final, L'Abbé Pierre : une vie de combats reste un biopic emphatique et instructif. L'Abbé Pierre reste une icône et le film n’écorne pas le mythe, pourtant si complexe.
À mille lieues malheureusement du message d’humilité de l’Abbé, la mise en scène ne fait pas dans la discrétion et lorgne vers l’académisme lourd. Esthétiquement, reconnaissons‑lui une certaine réussite. Le film se regarde sans déplaisir malgré quelques longueurs.
Toi, toit, mon toit
Heureusement, la force de son message ‑encore cruellement d’actualité‑ passe merveilleusement. Le film, à défaut de défendre un réel point de vue, est très efficace. Il est en colère, tout comme son héros, et c’est une de ses grandes qualités. La mise en perspective de la misère de l'hiver 54 et celle d’aujourd’hui saute aux tripes. Les paroles de l’Abbé Pierre, portées par Benjamin Lavernhe plus qu’habité par le rôle, résonnent encore très fortement pour le spectateur d’aujourd’hui. Et si le film donne dès son générique final envie de s’engager auprès de la communauté Emmaüs, ce n’est sans doute pas un mal.
Trop souvent abscons (ah ce final mystique à souhait…), le film se rapproche parfois d’une page Wikipédia. Mais il a le mérite de rendre un bel hommage à l’une des figures majeures du XXᵉ siècle et d’être beaucoup moins indigeste.