Kingdom saisons 1 et 2
Corée, XVIe siècle. Le vieux roi est malade. Son gendre et principal conseiller Jo Hak a les coudées franches. Jo Hak cache les étranges accès de violence du souverain qui met en pièces ceux qui l’approchent et mise tout sur le fait que sa fille, la nouvelle reine, enceinte, donnera bientôt un nouvel héritier au souverain. Mais le prince Chang, héritier légitime né d’une précédente union, craint une conspiration. On lui interdit de voir son père, le médecin royal a disparu et de soudains troubles dans les provinces du sud pourraient être instrumentalisés par Jo Hak. Accompagné par son garde du corps, Chang part à la recherche du médecin royal, réfugié dans un dispensaire éloigné, pour connaître enfin la vérité sur l’état réel de son père.
Kingdom, série originale sud‑coréenne Netflix, mixe le récit historique en costumes, les films d’épée asiatiques avec le thème plus moderne de l'épidémie zombie. La recette pourrait n’être qu’une variante exotique de ce qu’on a déjà vu dans Game of Thrones, il n’en est rien. Kingdom ajoute à sa chronique des touches visuelles et narratives très fortes.
Les fameuses créatures de Kingdom ne doivent en effet rien aux cannibales lents et pourrissants imaginés jadis par George Romero et aujourd’hui encore exploités par The Walking Dead. Les fauves véloces de la série penchent plutôt du côté de 28 jours plus tard de Danny Boyle ou de l’excellent drame d’horreur sud‑coréen Dernier train pour Busan. L’ambiance et les attaques des zombies sont d’ailleurs traitées avec une approche baroque, originale et perturbante qui évoque moins les boucheries gores classiques que la voracité presque sensuelle des succubes et incubes de la mythologie catholique.
La trame shakespearienne du récit, les rebondissements multiples et l’extrême soin apporté aux costumes et aux lumières enrichissent l’écrin de Kingdom. Car Kingdom, comme tout bon récit de zombie, déploie un propos transversal fort : la corruption absolue à la tête de l’État qui « infecte » la société jusque dans ses couches sociales les plus modestes. Impeccable dans tous les compartiments du jeu, la saison 1 s’achève sur un cliffhanger aussi remarquable que palpitant.
Dans la saison 2, proposée depuis quelques jours par Netflix, on peut regretter que la série devienne un peu moins singulière. La violence y est traitée de manière plus frontale et gore, l’épidémie presque trop bien expliquée. Et d’un point de vue structurel, on remarque que les péripéties reposent désormais moins sur de savantes avancées narratives que sur un jeu temporel un peu artificiel : la révélation via flashbacks de manœuvres antérieures.
En dépit du regrettable abandon de certains de ses atouts les plus originaux, cette saison 2 de Kingdom demeure hautement recommandable. Elle est en effet particulièrement riche en cauchemardesques scènes d’action mises en image avec une efficacité et une force visuelle redoutables. On sera par contre assez contrarié que Kingdom saison 2, qui parvenait à boucler élégamment son propos, ait opté pour une relance certes percutante mais surtout très conventionnelle dans l’objectif évident d’une saison 3 à venir.