Kandahar
Alors qu’il est en pleine mission au Moyen‑Orient, Tom Harris, un agent secret de la CIA infiltré, voit sa véritable identité révélée au monde entier. Piégé avec son interprète afghan en milieu hostile, Harris n’a plus qu’une seule solution : fuir en tentant de se frayer un chemin au milieu du désert et des forces terroristes en faction jusqu’à Kandahar, seul point d’exfiltration possible. La course contre la montre est lancée.
Kandahar, une crédibilité frappante
Les films récents de Gerard Butler se succèdent et se ressemblent à peu près tous. Kandahar sort étrangement du lot. Il se démarque en premier lieu par son scénario ultra‑réaliste écrit en 2016 par un certain Mitchell LaFortune, ex‑agent de renseignement déployé plusieurs fois en Afghanistan, près de la frontière iranienne. Il s’est naturellement inspiré de son vécu pour nourrir son récit et offre au film une crédibilité qui se ressent dans l’ambiance générale, mais aussi dans la construction des personnages (inspirés de personnes réelles) et certains dialogues, qui sonnent beaucoup plus justes que d’ordinaire. Parfait exemple avec l’échange entre le héros, son interprète et un chef de milice terroriste, ce dernier expliquant avec une économie de mots assez géniale en quoi la situation en Afghanistan est ingérable.
Filmer l'action avec un certain recul
Les seuls moments où le film, réalisé par Ric Roman Waugh (La chute du président, Greenland), perd un peu de sa superbe, c’est lorsque le scénario, comme guidé par une sale habitude toute américaine, consiste à systématiquement affubler le héros d’une mission secondaire totalement cliché (« rentrer à temps pour la remise de diplôme de sa fille ») qui fait tache dans un ensemble par ailleurs étonnant. Autre regret, toutes les scènes de dialogue à l’intérieur de véhicules ont été réalisées en studio (les plus exigeants le remarqueront) et certains effets spéciaux sont encore perfectibles.
Pas de quoi tout gâcher heureusement, d'autant que dans la composition de ses scènes d’action, le film se démarque encore une fois avec un certain recul bienvenu. Le découpage est parfait, le montage efficace et le rythme soutenu, emmené notamment par des séquences à moto remarquables d’authenticité. Et tous les comédiens, seconds rôles compris, sont convaincants : Butler évidemment, mais aussi Travis Fimmel (Vikings), Ali Fazal (Victoria & Abdul), Nina Toussaint‑White (GameFace) et l'actrice iranienne Elnaaz Norouzi.
Au final, ce petit film qui conjugue action et espionnage se hisse tout en haut du panier. Un budget plus conséquent et un coup de main d’un scénariste chevronné au scénario auraient certainement pu le propulser dans la catégorie supérieure. La fin laisse supposer qu’une suite est envisageable. Qui sait, un nouvel opus pourrait cette fois cocher toutes les cases.