Justice League
Une menace extraterrestre pèse sur la Terre. Superman étant mort, Bruce Wayne (Ben Affleck) alias Batman tente de réunir un groupe de super‑héros pour y faire face. Wonder Woman (Gal Gadot) est de la partie, mais le tandem a du mal à trouver de nouveaux alliés. Aquaman (Jason Momoa), un atlante, se fait désirer, tout comme Victor Stone (Ray Fisher), devenu mi‑homme mi‑machine après un accident, ou encore Flash (Ezra Miller). Mais le temps presse : le méchant Steppenwolf, aidé par ses hordes alien, est sur le point de restaurer l’intégralité de son immense pouvoir de destruction.
En 2008, Christopher Nolan réussissait avec sa trilogie Dark Knight (Batman Begins, The Dark Knight : le Chevalier Noir, The Dark Knight Rises) à faire entrer les super‑héros dans l’âge des intrigues adultes. Un peu plus tard, Zack Snyder ajoutait au cocktail une tonalité plus crépusculaire avec Man of Steel et Batman v. Superman. Force est de constater avec ce Justice League que ni la maturité ni la noirceur n’ont survécu.
En réalité, Justice League n’est en soi pas déplaisant à suivre, le divertissement étant assuré par un déluge d’action. Mais le film pâtit non seulement d’un manque flagrant d’ambition narrative, plus grave, de cohérence.
Sans refaire tout le film, quelques contradictions majeures : si le thème visé par Justice League est la prévalence de l’équipe, pourquoi faire reposer quasiment tout l’épilogue sur un seul héros ? Si chaque membre de l’équipe est si important, pourquoi ne donner à Aquaman et Flash que des rôles de lanceurs de vannes et de punching‑ball à destination du méchant ? Si la menace est vraiment si terrifiante, pourquoi la confier à un méchant terne, réalisé en images de synthèse, sorte de Minotaure viking fripé qui ne fait que distribuer des punchlines clichés et des coups de hache obstinément non sanglants (public ado oblige). Si la présence d’Amber Heard ‑l’ex de Johnny Depp‑ justifiait son nom en haut de l’affiche, pourquoi la comédienne n’apparaît‑elle que durant une poignée de secondes et dans une scène… coupée en plein milieu d’un dialogue ?
Cette hétérogénéité très dérangeante semble imputable au départ en cours de tournage du réalisateur Zack Snyder, remplacé par Joss Whedon qui a retourné nombre de scènes sur plus de deux mois, abandonné la thématique « surhomme » chère à Snyder et impulsé une tonalité plus légère et forte en vannes. Malgré une débauche d’effets numériques et un savoir‑faire indéniable en matière d’action, le récit proposé est tout juste adolescent et louche trop ‑terriblement trop‑ sur la recette action/humour prisée par l’équipe concurrente, l’écurie Marvel.