Jules et Jim
En 1955, François Truffaut, qui n’est même pas encore critique de cinéma, découvre un roman de Henri‑Pierre Roché, Jules et Jim, et écrit un article enthousiaste. Pour le remercier, Roché lui envoie son deuxième roman, Les deux anglaises et le continent. On sait aujourd’hui que Jules et Jim, le troisième film de son auteur, et Les deux anglaises et le continent, des années plus tard, comptent parmi les meilleurs films de Truffaut.
Le premier se déroule à Paris, au début du siècle. Jules, un étudiant autrichien (Oskar Werner), et Jim, un Français (Henri Serre), se lient d’amitié et décident de partir en vacances ensemble dans le Sud de la France. Là, ils rencontrent Catherine, une jeune fille de passage (Jeanne Moreau, rayonnante) qui possède le sourire d’une statue grecque et dont ils vont tous les deux tomber amoureux. Débute alors une sorte de ménage à trois euphorique, un « tourbillon de l’amour » (une chanson devenue depuis célèbre) qui, bientôt, va se recouvrir d’un voile mélancolique.
Voici l’un des films les plus emblématiques de la Nouvelle Vague, mêlant le lyrisme propre à la musique de George Delerue, et une incroyable liberté de ton. Truffaut voulait, et parvient à faire un film qui, à partir d’une situation délicate voire scabreuse (une histoire d’amour à trois), n’entache jamais l’innocence et l’intégrité de ses trois personnages. Une merveille.