par Jean-Baptiste Thoret
06 janvier 2014 - 16h23

Jimmy P. (psychothérapie d'un Indien des plaines)

VO
Jimmy P : Psychotherapy of a Plains Indian
année
2013
Réalisateur
InterprètesBenicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee, Joseph Cross, Larry Pine
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Tout est parti d’un livre de Georges Devereux, Psychothérapie d’un Indien des plaines, un ouvrage clinique dense. Pour son premier film américain, le réalisateur de La sentinelle et du mémorable Conte de Noël a choisi de décrire les débuts de l’ethnopsychiatrie (soit une façon de guérir les maux d’un patient à partir d’éléments empruntés à sa culture), à travers la rencontre de deux hommes : un Indien vétéran atteint d’un mal étrange et un Juif hongrois naturalisé français, Devereux (interprété par Mathieu Amalric), qui a travaillé à l’université de Berkeley sur les Indiens Mohave.

Après la guerre, Devereux, sans argent, décide de devenir psychanalyste et accepte un poste à l’hôpital militaire de Topeka, dans le Kansas. Là, il fait la connaissance de Jimmy P. (Benicio Del Toro), un Indien mohave victime d’un traumatisme pendant la guerre, atteint de vertiges et de maux de tête que la médecine classique ne parvient pas à soigner. Devereux entre alors en contact avec Jimmy et entreprend une cure par la parole.

Le film se résume, au fond, à une série d’échanges entre ces deux hommes (dont la matière servit de base au livre). « Ce sont deux hommes de tempéraments très différents qui viennent d'univers très différents, explique Desplechin, l'un d'origine juive hongroise, l'autre d'une réserve indienne, mais ils ont en commun d'être des exilés, des déplacés. Et des rescapés du massacre de leurs peuples qui resteront toujours des marginaux. Ils se reconnaissent, d'une certaine façon, et il y a entre eux une sorte de coup de foudre amical. Je voulais montrer qu'ils se réinventent l'un par l'autre ».

Certes, Desplechin suit son programme avec rigueur et bienveillance, les séances de dialogues permettent aux hommes d’échanger et au film de progresser à partir d’images dont on ne sait plus si elles sont mentales ou réelles, si elles sont issues du cerveau de l’un ou de l’autre, mais l’ensemble demeure répétitif, parfois ennuyeux, et c’est finalement la performance étonnante de Del Toro qui nous maintient éveillé.

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Jimmy P : Psychotherapy of a Plains Indian
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
22/01/2014
image
BD-50, 117', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français Audiodescription
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français pour malentendants
7
10
image
Ayant fait ses débuts sur des courts métrages en tant que directeur de la photographie, Desplechin sait y faire quand il s'agit de jouer avec la lumière, les ombres et les contrastes. Puissant en noir, n'ayant pas peur des zones d'ombre (à juste titre…), son film impose tout de suite un style, une patte. Voire deux : les souvenirs chaleureux et cotonneux d'un côté et la réalité plus clinique de l'autre. Une photographie parfaitement retranscrite par ce Blu-Ray suffisamment piqué et précis pour offrir une grande lisibilité, même si Desplechin a plutôt recherché une ambiance (reconstitution, décors) que la performance pure.
7
10
son
Pour son premier film américain, Arnaud Desplechin s'offre Howard Shore à la musique. Une musique si subtile qu'elle se fait presque oublier. Mais impossible d'imaginer le film sans elle. Une bande‑son joliment spatialisée en VO comme en VF. Ce sont donc les voix qui font ici toute la différence et leur intégration bien plus naturelle en VO. Sans compter que se passer de la voix et du jeu de Benicio Del Toro serait une véritable gageure.
7
10
bonus
- Making of (15')
- Scènes coupée (4')
- Masterclass Télérama (27')
- Interview d'Arnaud Desplechin (11')
- Bandes-annonces
Avec un tel « client », vos bonus prennent tout de suite une autre envergure. Arnaud Desplechin en train de travailler (making of), Arnaud Desplechin en interview à Cannes, Arnaud Desplechin en Masterclass Télérama, c'est le pied. Au sujet de sa passion pour le cinéma américain (auquel le sous‑titre très westernien de Jimmy P. fait référence, « psychothérapie d'un Indien des plaines »), le cinéaste français avoue apprécier le cinéma hollywoodien pour l'excellence que peuvent réserver certains blockbusters parmi tant d'autres. Alors que pour lui, en France, l'excellence se trouve presque exclusivement du côté du cinéma d'auteur. Un mot sur la scène coupée, faisant la part belle au jeu de Mathieu Amalric. Un grand moment.
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