Jimmy P. (psychothérapie d'un Indien des plaines)
Tout est parti d’un livre de Georges Devereux, Psychothérapie d’un Indien des plaines, un ouvrage clinique dense. Pour son premier film américain, le réalisateur de La sentinelle et du mémorable Conte de Noël a choisi de décrire les débuts de l’ethnopsychiatrie (soit une façon de guérir les maux d’un patient à partir d’éléments empruntés à sa culture), à travers la rencontre de deux hommes : un Indien vétéran atteint d’un mal étrange et un Juif hongrois naturalisé français, Devereux (interprété par Mathieu Amalric), qui a travaillé à l’université de Berkeley sur les Indiens Mohave.
Après la guerre, Devereux, sans argent, décide de devenir psychanalyste et accepte un poste à l’hôpital militaire de Topeka, dans le Kansas. Là, il fait la connaissance de Jimmy P. (Benicio Del Toro), un Indien mohave victime d’un traumatisme pendant la guerre, atteint de vertiges et de maux de tête que la médecine classique ne parvient pas à soigner. Devereux entre alors en contact avec Jimmy et entreprend une cure par la parole.
Le film se résume, au fond, à une série d’échanges entre ces deux hommes (dont la matière servit de base au livre). « Ce sont deux hommes de tempéraments très différents qui viennent d'univers très différents, explique Desplechin, l'un d'origine juive hongroise, l'autre d'une réserve indienne, mais ils ont en commun d'être des exilés, des déplacés. Et des rescapés du massacre de leurs peuples qui resteront toujours des marginaux. Ils se reconnaissent, d'une certaine façon, et il y a entre eux une sorte de coup de foudre amical. Je voulais montrer qu'ils se réinventent l'un par l'autre ».
Certes, Desplechin suit son programme avec rigueur et bienveillance, les séances de dialogues permettent aux hommes d’échanger et au film de progresser à partir d’images dont on ne sait plus si elles sont mentales ou réelles, si elles sont issues du cerveau de l’un ou de l’autre, mais l’ensemble demeure répétitif, parfois ennuyeux, et c’est finalement la performance étonnante de Del Toro qui nous maintient éveillé.