Jewish Connection
Le réalisateur Kevin Asch ne manque pas de talent mais un peu de personnalité. Jewish Connection, c’est Mean Streets chez les Juifs et les rouflaquettes en guise de nappes à carreaux. Tiré d’une histoire vraie, ce film indépendant américain retrace la filière de l’ecstasy à la fin des années 1990, et des millions de pilules que de jeunes Juifs orthodoxes, recrutés à leur insu, ont acheminé d’Amterdam à New York. Parmi eux, Sam Gold (très bon Jesse Eisenberg, The Social Network), voit dans ce transport de « médicaments » l’occasion d’échapper à une famille étouffante et à une éducation rigide. Mais il comprend vite la nature réelle du trafic.
Si la recréation du New York des Nineties est plutôt convaincante, Jewish Connection croule sous les modèles qu’il convoque, d’Un après‑midi de chien aux films urbains de Scorsese. Grand admirateur du cinéma américain des années 1970 dont il reprend la plupart des codes esthétiques (caméra à l’épaule, grain de la pellicule, effets de réalisme poussé), Kevin Asch réalise pourtant un film bien sage qui n’a pas (suffisamment) retenu la leçon de ses aînés et l’ambiguïté morale que Lumet, Friedkin et autre Ashby savaient infuser dans leurs films. Ici, les frontières morales se révèlent trop vite fixées et la quête existentielle de son héros, finalement cousue de fil blanc. Un film prometteur ?