par Paco Altura
10 novembre 2014 - 15h40

Jersey Boys

année
2014
Réalisateur
InterprètesJohn Lloyd Young, Vincent Piazza, Erich Bergen, Michael Lomenda, Christopher Walken, James Madio
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Quatre jeunes gens modestes montent, avec l’appui d’un mafieux, The Four Seasons. Groupe qui va devenir une monumentale machine à tubes dans les années 60, jusqu'au clash fatal qui fera voler en éclat les amitiés au sein même de la petite bande.

Une indiscutable curiosité prélude à ce film : le grand Clint Eastwood qui adapte une comédie musicale à succès outre‑Atlantique ? Avec un casting presque intégralement sorti des rangs du même spectacle ? Une histoire de quatre semi‑voyous qui s’extirpent d’un quotidien misérable par la grâce de la musique ? Oui, Jersey Boys est tout ça, mais surtout une belle déception.

Clint Eastwood ne fait pourtant preuve d’aucune nonchalance pour réaliser cette œuvre de commande : le vétéran a choisi une distribution intéressante (excellent John Lloyd Young à la voix de falsetto bluffante, intéressants Erich Bergen et Vincent Piazza), travaille avec science son cadre et envoie, avec une régularité mécanique digne des meilleurs juke‑box d’antan, des tubes qui sont ‑surprise‑ dans toutes les têtes.

Mais contrairement à un Bird du même réalisateur, qui épousait une ambiance, fendait en deux une époque pour en voir les tripes, prenait le risque de griffer une icône du jazz (Charlie Parker) pour mieux lui rendre son humanité, Jersey Boys reste lisse. Aussi lisse et apprêté qu'une chronique somme toute assez banale de succès, de crise puis de rédemption. La faute en revient au scénario, qui ne prend jamais parti.

Car plutôt que raconter l’histoire du groupe et de sa star, Frankie Valli, en prenant un axe, fut‑il contestable, le film multiplie les points de vue. Chaque personnage interpelle le spectateur en s'adressant directement à la caméra pour raconter l’histoire telle qu’il l’a vécue. Le procédé est vieillot, mais surtout terriblement artificiel puisque les fameux « points de vue » ne font pas avancer l’histoire d’un iota.

Entre de courts instants de comédie enchâssés dans d’interminables numéros musicaux filmés avec luxe et élégance, la vie et l’énergie fuient le récit. Et le biopic, trop peu bavard et trop musical, loupe son sujet. Au bout d’un tunnel de 2h14, un seul constat s’impose : même le grand Clint peut se prendre les pieds dans le tapis. Mais lui, contrairement à beaucoup d'autres, le fait avec élégance.

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cover
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
05/11/2014
image
BD-50, 134', toutes zones
2.35
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
10
10
image
Une image remarquable ouvragée par le directeur de la photo Tom Stern. Les couleurs sont joliment désaturées, le magnifique cadre offre des plans de toute beauté, particulièrement durant les passages musicaux. Le tout pour une image précise et légèrement patinée. Tom Stern arrive à de petits prodiges visuels, notamment avec le jeu d'éclairage époustouflant lors de la chanson Can't Rake my Eyes of you, où il jongle à la fois avec la pénombre et la lumière irradiante des projecteurs. En un mot, une copie somptueuse.
7
10
son
Dialogues impeccables, chansons précises et bien équilibrées dans le spectre audio. C'est un délice pour les oreilles même si on souffre d'un manque patent d'ambiances et de spatialisation. La restitution des chansons et des musiques est toutefois si accomplie que ces « cerises sur le gâteau » ne manquent finalement pas beaucoup.
7
10
bonus
- From Broadway to the Big Screen (making of) (22')
- Too Good to be True (focus sur un acteur) (4')
- What a Night to Remember (chorégraphie finale) (5')
- DVD et copie digitale UV
Un making of décontracté nous fait entrer sans prétention mais avec beaucoup d'infos dans les coulisses du film, nourris d'interviews du casting. On prend alors toute la mesure du soin avec lequel Clint Eastwood, peu présent à l'image, a préparé le film. Le module « What a Night to Remember » revient quant à lui sur la très jolie séquence finale du film où tous les protagonistes reviennent danser et prendre congé au rythme des principaux tubes du Four Seasons. L'ensemble est sage mais distrayant.
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