Jenny
Après une déception sentimentale, Danielle (Lisette Lanvin) quitte Londres pour rejoindre sa mère à Paris. Absente depuis six ans, la jeune femme souhaite passer davantage de temps auprès d'elle et prend l'initiative de se présenter sur son lieu de travail. Elle découvre, abasourdie, la véritable profession de celle qui se fait appeler Jenny.
Marcel Carné (même pas 30 ans en 1936) doit son premier film à un merveilleux coup du sort (voir bonus). Avec la généreuse collaboration de Françoise Rosay, le chef de file du réalisme poétique narre un drame filial doublé d'une romance servie par un triangle amoureux inexorablement condamné à sa perte. Outre une relation mère‑fille noircie par le mensonge, la dissimulation et l'opposition impitoyable entre le temps de l'innocence et l'âge mûr, le cinéaste annonce l'horizon pessimiste du courant cinématographique par le biais d'une esthétique de la mélancolie.
Une promenade le long des berges, de palpitantes retrouvailles sur l'éternel quai d'une gare, la résilience poignante de Jenny dans la brume matinale d'un Paris dégrisé, autant de lieux qui lient et délient le chassé‑croisé des amants contrariés. Magnifique.