Je suis Céline Dion
Je suis Céline Dion n'est sans doute pas un grand documentaire (on ne sait pas toujours qui filme et quand) mais son sujet d'étude est assurément une immense artiste qui n'a plus rien à prouver, sauf peut‑être à elle‑même. Le film d'Irene Taylor montre à la fois combien la chanteuse était une bête de scène et une voix hors normes, et à la fois sa terrible descente aux enfers à cause d'une maladie neurologique rare appelée le syndrome de l'homme raide (une personne atteinte sur 1 million, surtout des femmes), qui a pris possession de ses muscles et lui a brutalement fait quitter la scène, bouleversant totalement sa vie.
Et ce qu'elle semble seule Céline Dion, avec ses deux plus jeunes garçons accros aux mondes virtuels, son labrador dodu et ses petits rongeurs. Autour d'elle, un Majordome, une équipe médicale douce et apaisante aux petits soins. Voilà pour le décor, évidemment raffiné et luxueux, vibrant aux airs d'opéra et des chansons de Céline (car oui, Céline chante du Céline, tout le temps).
Toutes les Céline de sa vie
À travers des archives jusqu'à aujourd'hui, on redécouvre une Céline Dion totalement freak control dont l'unique but dans la vie est « de donner la meilleure pomme du pommier à ses fans ». Comprendre le meilleur d'elle‑même, en toutes circonstances, quoiqu'il lui en coûte. Une exigence dont on a beaucoup entendu parler mais qui se manifeste ici à chaque coin du cadre. Triste ironie du sort, sa maladie l'empêche précisément de se contrôler. Le documentaire s'ouvre sur une civière et se termine par une crise de spasmes déchirante, filmée en gros plan au son de la douleur, transformant la si jolie Céline en corps pétrifié de Pompei.
À la fois too much (Céline est et reste Céline) et sans fard, la star se donne et se montre sans doute comme jamais, confessant petits et grands arrangements avec la vérité pour cacher au public les effets de sa santé défaillante tout au long de ces années au firmament.
Alors oui, Je suis Céline Dion n'est sans doute pas un documentaire emprunt des codes habituels du cinéma, mais il parvient à entrer par la petite porte au plus près d'une des plus grandes stars du siècle à un moment où elle n'aurait sans doute jamais pensé accepter des caméras dans sa vie. Battante, visiblement en nets progrès sur le plan vocal et physique (sans doute une lueur d'espoir pour bien des malades), drôle, fan de mode devant l'éternel, parfois un peu agaçante aussi, Je suis Céline Dion ne ment pas sur son titre : elle est tout cela à la fois. Une leçon de courage et de force.