Je n'ai rien oublié
Conrad Lang, ours alcoolique, semble soumis à des comportements pour le moins étranges : perturber une noce à laquelle il n’était pas invité, mettre le feu à la maison de campagne qu’il était censé surveiller…
Comme le Peter Sellers de Bienvenue Mister Chance (attention, la comparaison s’arrête là), Lang a toujours vécu comme domestique dans une famille bourgeoise qui, aujourd’hui, le renie. Il se retrouve alors recueilli par deux femmes éprouvant un soudain intérêt pour lui, l’ex‑épouse du fils de la famille et la jeune épouse du même fils. Avec son air infantile et ses trous de mémoire, Lang détient pourtant, et malgré lui, d’étranges secrets de famille.
Adapté d’un roman de Martin Suter (Small World), Je n’ai rien oublié constitue à la fois une satire violente de la bourgeoisie (mais n’est pas Chabrol qui veut, tant la mise en scène de Chiche s’avère peu inspirée) et une étude romanesque, plutôt réussie, de la maladie d’Alzheimer. À l’aise comme un poisson dans l’eau, Depardieu tient le film à bout de bras et son interprétation de balourd candide et touchant mérite à elle seule le détour.