Je fais le mort
Jean, comédien jadis brillant, est dans le creux de la vague. Son talent n’est pas en cause, mais l’homme, hyper‑tatillon, exaspère ses collègues. Au chômage, Jean se voit proposer un étrange rôle : remplacer le mort lors de la reconstitution judiciaire d’un crime à Megève. Le perfectionnisme de Jean porte vite sur les nerfs de la magistrate en charge, Noémie Desfontaines, malgré tout contrainte de constater que l’acteur sait déceler les grosses lacunes de l’enquête.
Constatons l’évidence en préambule : l’idée centrale du film, inspirée à Jean‑Paul Salomé par un article de presse, est formidable. On sent d’emblée le potentiel drôle, décalé et, pourquoi pas, inquiétant de ce qui promet être une remarquable comédie policière.
Hélas, le scénariste Salomé s’est placé lui‑même derrière la caméra. Et Salomé réalisateur ne suit pas. Trop sage, trop languide et trop fixe, sa mise en image crée rapidement une sensation d’ennui profond qui ne va plus se démentir. François Damiens (Jean), Géraldine Nakache (Noémie) et Lucien Jean‑Baptiste (le gendarme Lamy) font avec ce que leur a confié Salomé : quelques dialogues piquants et joliment tournés, mais aussi beaucoup de platitudes et une intrigue qui tourne au grand bazar alors que le réalisateur ne prend, lui, parfois même plus la peine de filmer les entrées en scène de ses personnages.
Le film, qui avait su séduire par son idée originale, ne cesse dès lors de décevoir jusqu’à un épilogue bâclé à peine digne d’une production télévision lambda. Ce qui a manqué à ce Je fais le mort, c’est un as de la comédie policière comme Pascal Thomas (Le crime est notre affaire/Associés contre le crime…) qui aurait su comment transformer ce matériau brut en vrai délice de cinéma.