Jack Strong
Membre influent de l’état‑major polonais, le colonel Ryszard Kukliński a conçu le plan d’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 lors du Printemps de Prague. Kukliński s’offusque de l’ingérence grandissante des Soviétiques dans la politique polonaise, notamment lors des grèves Solidarnosc à Gdansk et des manœuvres des mêmes Soviétiques pour préparer, trop activement à son goût, un futur conflit nucléaire mondial. Au risque de sa vie et celle de sa famille, Kukliński décide d’approcher la CIA pour lui offrir les secrets du Pacte de Varsovie. Il va devenir « Jack Strong », un agent capital pour les Américains que les Soviétiques vont traquer frénétiquement.
C’est une pure histoire d’espionnage à l’ancienne que propose Jack Strong. Un récit basé sur des faits authentiques qui joue avant tout sur les tensions psychologiques du héros et ses exploits surhumains quotidiens pour accomplir son œuvre. Avant d’être un récit d’espionnage ‑très éloigné du clinquant des James Bond‑ Jack Strong est avant tout un thriller psychologique très intéressant.
On peut regretter les efforts un peu trop appuyés du réalisateur pour souligner le patriotisme de son héros, mais il faut louer sa volonté de dépeindre Kukliński tel qu’il était. En aucune façon un perdreau de l’année, plutôt un très efficace planificateur qui s’est déjà sali les mains dans de « sales » opérations comme le Printemps de Prague, mu par pur sursaut idéologique.
On l’aura compris : il ne faut pas attendre de grandes scènes d’action de cette production aux moyens modestes même si le récit prend du rythme et beaucoup de suspense au moment où le contre‑espionnage est sur le point de « griller » Jack Strong. Attrayant et soutenu, Jack Strong a de surcroît le mérite de raconter une histoire méconnue qui a eu une grande influence sur la fin de la Guerre Froide.