J'enrage de son absence
De passage en France pour régler des affaires de famille, Jacques (William Hurt) reprend contact avec Mado (Alexandra Lamy), son ancienne compagne. Leur histoire n’aura pas résisté à la perte de leur enfant. Mado est tout de même parvenue à refaire sa vie. Mariée et mère de famille, c’est avec une certaine appréhension qu’elle décide de revoir Jacques. Elle lui présente son jeune fils Paul (Jalil Mehenni), avec lequel il va entretenir une étrange relation.
Dans le sillage naturaliste de Maurice Pialat (son père de cinéma), Sandrine Bonnaire saisit le vide après l’absence (le regard bleu de Jacques scrutant un idéal qui ne lui appartient pas) pour aussitôt le combler avec l’irruption d’une filiation clandestine. Pour voler quelques instants de paternité disparus trop brutalement, Jacques choisit de se cloîtrer au sous‑sol pour se rapprocher de Paul. C’est dans ce lieu austère et impersonnel que la complicité opère. Dans le fantasme douloureux de Jacques, le jeune fils de son ex récupère les traits du fruit de leur union, perdu à jamais dans un accident.
Il n’y a donc ni malveillance ni pathologie dans le point de vue de ce père écorché. Bonnaire se contente d’illustrer la claustrophobie de la souffrance et ses incursions parfois lumineuses. Sans jugement, tout en sobriété. À voir.