par Carole Lépinay
17 avril 2020 - 15h05

J'accuse

année
2019
Réalisateur
InterprètesJean Dujardin, Louis Garrel, Grégory Gadebois, Hervé Pierre, Wladimir Yordanoff, Emmanuelle Seigner
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Soupçonné d’avoir livré des documents secrets à l’Empire allemand, le Capitaine Alfred Dreyfus (Louis Garrel) est arrêté le 15 octobre 1894. S’ensuivent douze années de bouleversements au sein d’une société française, inéluctablement scindée en deux. Tandis que la tension monte entre « Dreyfusards » et partisans de sa culpabilité, le Colonel Georges Picquart (Jean Dujardin), nommé à la tête du contre‑espionnage, met sa carrière militaire en péril afin d’innocenter l’accusé.


Afin d’appréhender ce pan incontournable de l’Histoire de la Troisième République, Roman Polanski délègue la tâche ardue de la reconstitution, doublée d’une enquête politiquement à haut risque, au Colonel Picquart (Dujardin, bloc de droiture et de rigueur formidable). Dans la cour de l’École militaire, la saisissante séquence inaugurale de la dégradation militaire lui assigne le point de vue d’un héros en demi‑teinte. D’abord amusé par le spectacle humiliant qui révèle son antisémitisme (« Il a l’air d’un tailleur juif qui pleure tout son or qui va à la poubelle »), Picquart consacrera pourtant son énergie à obtenir réparation, au nom de la simple vérité.

 

Car de toute évidence, la lecture impérative des faits se heurte à des interprétations tendancieuses qui font bloc. Qu’il s’agisse des hauts‑gradés de l’armée ou de l’expert en écriture (Alphonse Bertillon campé par Amalric) qui délire un diagramme autour du fameux bordereau prétendument rédigé par Dreyfus, chacun tente de réécrire l’Histoire selon ses impasses, pire, ses limites morales. Broyé à son tour dans la mécanique délétère de l’institution militaire corrélée avec un système judiciaire loin d’être impartial, Picquart poursuit sa bataille à contre‑courant des hommes et d’une époque gangrenés par l’antisémitisme.


Un grand thriller historique sur la mauvaise conscience, derrière lequel s’imposent un sujet résolument moderne et l’image d’une France glauque. « La chienne qui enfanta le monstre est à nouveau en chaleur », conclura le cinéaste, grand admirateur de Bertolt Brecht, à l’issue du making of de son film.

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Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
18/03/2020
image
BD-50, 131', zone B
1.77
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
10
10
image

Tout le travail de recherche historique sur les décors, les costumes et les références picturales visibles dans les moindres recoins du cadre concourent d'emblée à faire de ce film un classique. Les couleurs, les lumières et les contrastes (à la limite du dur) inondent l'image de leur prestance et leur stature. Une image si belle, si efficace, qu'un disque 4K Ultra HD n'aurait certainement pas été pour nous déplaire. En attendant, ce Blu‑Ray est presque parfait, il permet de saisir tous les détails et les infimes nuances du jeu des interprètes, au plus près de leurs expressions. 

7
10
son

Malgré quelques pointes atmosphériques inattendues (les songes, l'arrivée de Dreyfus sur l'île du Diable), le film profite surtout de la composition classique d'Alexandre Desplat, collaborateur de longue date du réalisateur. Pas d'esbroufe mais un travail là encore réaliste qui insiste sur les silences de certaines scènes déjà très intenses, avec quelques envolées aux accents plus militaires. Le 5.1 profite surtout à la reconstitution historique du film, ses quelques ambiances et surtout ses dialogues, ô combien capitaux.

7
10
bonus
- Making of (32')
- Bande-annonce

Réalisé par Morgane Polanski (la fille du cinéaste) et Théo Saffroy, le making of alterne entretiens et scènes de tournage piquées sur le vif. La production souligne un travail de longue haleine (il a fallu six ans et quatre mois de tournage), exigeant des recherches très approfondies (cinq historiens ont collaboré à l'immense travail de reconstitution) et diverses sources artistiques (de la peinture ‑Monet, Vuillard, Toulouse‑Lautrec..., à la photographie) qui impriment l'atmosphère de l'époque. 

 

Pour Alain Goldman, courageux producteur parmi ceux que le tournage en français n'emballait pas particulièrement, le choix de la langue, des costumes (voir l'extraordinaire travail en amont de Pascaline Chavanne), de chaque détail historique sont un gage infini d'authenticité. 

 

Fasciné par l'extrême minutie et le sens du cadrage virtuose de Polanski, Jean Dujardin confie être sorti grandi de cette inoubliable expérience. 

 

 

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