INXS : Live Baby Live
Quand INXS monte sur la scène du Wembley Stadium de Londres le 13 juillet 1991, devant quelque 74 000 fans, le groupe australien est sur le toit du monde. Venant de sortir son septième album, X, trois après son succès mondial Kick vendu à 20 millions d’exemplaires, le sextuor new wave écume alors les salles du monde entier depuis plus d’une décennie et règne sur les charts single après single. Autant dire que c’est une machine bien huilée et indomptable que l’on retrouve grandeur nature avec la captation de ce show Live Baby Live, déjà publié en CD en 1991 et qui bénéficie cette année d’une réédition vidéo très soignée en 4K Ultra HD, magnifiquement restaurée à partir du négatif original.
En redécouvrant les sublimes images d’INXS sur scène, difficile de ne pas être soufflé par l'énergie sans retenue du groupe tout du long d'un set de 22 morceaux (dont 10 morceaux de Kick et 9 de X) et près de 100 minutes sans respirations. C'est tout particulièrement l'aisance du groupe à refaire vivre ses tubes mastodontes qui scotche : les interprétations sont carrées et punchy, les riffs aussi acérés qu'en studio (à part peut‑être Need You Tonight, un peu trop sèche à la base pour fonctionner dans cette ambiance de stade) et les morceaux semblent construits tout entiers autour de la voix tonitruante de Michael Hutchence, particulièrement à l'honneur pendant ce show. Tout cela sans efforts apparents ou presque et avec une décontraction visible : sourires en coin, musiciens qui chantonnent les paroles dans leur coin, complicité de chaque instant, gros mots et blagues salaces. Au milieu du show, entre deux morceaux, Hutchence lâche au public « Hey, c'est un gros concert, non ? On est très contents d'être là, blah blah blah ». Un éclat de rire plus tard, il mentionne nonchalamment qu'ils n'avaient encore jamais joué devant autant de spectateurs. Pas de stress, aucune raideur : le groupe est énorme et maîtrise chaque instant, donnant à voir quelques moments de pure grâce : le doublé d'ouverture Guns in the Sky/New Sensation, ou encore le final brûlant d'Original Sin.
La réalisation de son côté ne gâche rien non plus : avec une équipe de 16 caméras et sous la réalisation du grand clipman David Mallet, le montage est au diapason de la new wave tape à l'œil et du funk très blanc d'INXS : il alterne avec vivacité plans serrés sur les six musiciens, avec quelques jeux de lumière et de contre‑jour élégants, et travellings dynamiques à la grue tout au long de la scène et en aérien, donnant l'impression de voir un groupe toujours en mouvement. Bien sûr, la recette INXS est évidemment un peu toujours la même (Hutchence n'est pas un danseur sur scène mais un marcheur comme un certain Mick Jagger) et s'essouffle un peu en fin de parcours, quand les tempos tournent à la ballade. Mais l'interprétation ne flanche elle jamais, se concluant sur une version de Devil Inside en feu d'artifice qui suffira à convaincre ceux qui se demandent encore, trente ans plus tard, pourquoi INXS (« in excess ») a été l'un des plus grands noms de la pop de la fin des 80's.