Infectés
Le monde entier est infecté par un virus aussi mystérieux qu’implacable. Personne ne peut en sortir vivant, le mal est incurable, et la seule manière de survivre est de considérer chaque malade comme mort. Dans ce contexte apocalyptique, quatre jeunes gens (dont l'excellent Chris Pine, vu dans le reboot de Star Trek) traversent le Sud des États‑Unis pour s’en sortir, rêvant du bord de mer comme d’un ultime refuge. Mais la route est semée d’embûches…
Ces dernières années, les films d’infectés et de zombies ont littéralement infesté petits et grands écrans. Le pape du genre, George A. Romero, s’est remis à la tâche avec Land of the Dead, Diary of the Dead et Survival of the Dead, tandis que d’autres cinéastes se sont attaqués au genre (Danny Boyle avec 28 jours plus tard) ou réalisé des remakes : L’armée des morts de Zack Snyder, relecture du Zombie de Romero, ou encore The Crazies de Breck Eisner, remake de La nuit des fous vivants, toujours de Romero.
Mais à force, le genre, nerveux dans sa forme et radical dans la représentation de la violence, commençait cruellement à tourner en rond. Antispectaculaire, intimiste et posé, Infectés, qui a été boudé dans le monde entier, fait office d’ovni en comparaison de ses congénères. Ici, les frères Pastor signent une véritable étude de mœurs, à la fois profonde dans la caractérisation de ses personnages et humble dans son traitement. L’épidémie n’est en somme qu’un prétexte pour livrer une digression sur la survie.
Jamais manichéen, le film présente des personnages toujours logiques et en accord avec eux‑mêmes. Comme la peste, le mal frappe souvent au hasard, touche aussi ceux qui ont fait preuve de compassion. Pourtant, le discours ne se veut pas nihiliste, osant décrire avec beaucoup de simplicité la détérioration des êtres. Par le virus ou par la perte de leur humanité. Les grands espaces américains, d'une beauté éternelle, narguent avec insolence les quatre protagonistes, les ramenant à leur condition de simples mortels. Périssables.