Incendiary
Londres. Lorsque son fils de 4 ans et son mari partent assister à un match de foot, une jeune mère de famille (Michelle Williams) est bien loin de se douter qu’elle les voit pour la dernière fois. Ce jour‑là, tous deux et des centaines de personnes trouvent la mort dans un attentat terroriste. Elle aussi regardait le match à la télévision, accompagnée de son amant d’un soir, Jasper Black, un journaliste qui décide, par la suite, d’enquêter sur l’affaire. Rongée par une multitude de sentiments, l’entreprise de deuil ressemble à une longue et pénible traversée du désert, avec le danger d’une folie imminente.
Incendiary explore un événement médiatique à échelle humaine. Comment envisager de vivre quand les êtres chers ne sont plus ? Comment affronter une disparition aussi injuste que brutale ? L’image de l’époux, secondaire, est très vite effacée par le fantôme de l’enfant perdu à jamais : on le voit maintes fois courir sur une plage, souriant, euphorique, comme une apparition obsessionnelle née d’une mémoire bousillée.
Incendiary opte davantage pour la dignité que la condamnation d’autrui, d'où cette correspondance à sens unique (symptôme d’une certaine folie face à la mort) que la jeune mère entretient avec Ben Laden. Des lettres dépourvues de haine et de rancœur, mais chargées en questions, que le silence vient plomber davantage. Reste la structure bi‑temporelle du film (succession de flashback larmoyants) qui, malgré son intention émotionnelle, ressemble à un jeu stylistique trop répétitif.