In the Air
Ryan Bigham est un tueur de carrière, un ange exterminateur envoyé par les directions des ressources humaines afin de licencier des employés usagés, un individualiste patenté qui prône chaque jour le désengagement (pas de liens, pas d’amis, pas d’enfants, pas d’humains autour de soi…), et explique à ses proies la chance de se retrouver au chômage. En bref, une horreur d’homme que n’importe quel autre film aurait transformé en bad guy que n’importe quel spectateur aurait voulu voir six pieds sous terre.
Seulement voilà. L’homme est interprété par George Clonney, sommet de la « coolitude » et du sourire qui terrasse et le film, signé du réalisateur de Juno et merveille de subtilité et d’écriture. Jason Reitman est tout sauf un juge des peines et se contente de décrire le quotidien de ce personnage qui, entre deux aéroports et trois bars lounge, ne rêve que de cumuler des miles afin d’acquérir la carte de Gold Member, sorte de passe‑droit réservé à une poignée de clients triés sur le volet.
Mais deux événements vont perturber la trajectoire de Ryan : l’apparition d’une femme d’affaires (Alex), son alter ego féminin, jouée par la sublime Vera Farmiga (vu récemment dans Esther) et Karen, une jeune diplômée en tailleur qui veut révolutionner le mode de licenciement en se servant de la technologie moderne (visioconférence, webcam, plus besoin de se déplacer pour virer l’autre).
Si In the Air est une comédie, c’est une comédie noire, désenchantée, profondément mélancolique qui ne sacrifie pas sur l’autel de la réconciliation (Alex et Ryan vont‑ils finir ensemble comme dans un film de Capra ?) la complexité de son sujet. La conclusion, ouverte et en demi‑teinte, témoigne de l’honnêteté de Reitman, tandis que Clooney retrouve enfin un rôle digne de ce nom. L’un des musts du moment.