par Émilien Villeroy
13 février 2025 - 14h51

In a Violent Nature

année
2025
Réalisateur
InterprètesRy Barrett, Andrea Pavlovic, Lauren Taylor
plateforme
genre
disponibilité
03/02/2025
notes
critique
7
10
A
© Pierce Derks. An IFC Films & Shudder Release
© Pierce Derks. An IFC Films & Shudder Release
© Pierce Derks. An IFC Films & Shudder Release
© Pierce Derks. An IFC Films & Shudder Release
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Dans les vertes forêts canadiennes de l'Ontario, une bande de jeunes en vadrouille réveillent sans le savoir un tueur mort vivant enterré là alors qu'ils prennent un objet précieux qui était placé à côté de sa dépouille. Ce monstre taiseux et déterminé nommé Johnny va partir en chasse pour récupérer son bien et punir ceux qui ont troublé son sommeil.

 

Un slasher du côté du tueur

Comment réinventer le slasher en 2025 ? Une vraie gageure sur laquelle de nombreux cinéastes se sont cassé les dents depuis des décennies. Il faut dire que ce genre horrifique avait déjà atteint ses sommets dès les années 70 avec Massacre à la tronçonneuse et Halloween, ce qui n'a pas empêché des milliers de films de lui succéder, une majorité de navets mais pas seulement (on pense récemment à la trilogie X de Ti West). Avec son premier film In a Violent Nature, le réalisateur canadien Chris Nash a voulu offrir une autre lecture du genre avec un concept radical : placer le spectateur du côté du tueur pendant toute la durée du film. Plutôt que de suivre les futures victimes dans leur état de paranoïa et de panique face à une menace insaisissable, la caméra se place derrière Johnny, notre Jason des forêts, dans la recherche tranquille de ses proies. Pas pressé, notre tueur silencieux marche donc lentement dans la forêt, déterminé et à l'affût, cherchant de l'équipement pour son prochain massacre et essayant de se fier aux sons diffus au loin (le film a d'ailleurs l'idée géniale de nous faire entendre toutes les discussions entre les personnages quand le tueur rôde dans les parages derrière eux). L'occasion de totalement prendre à rebours les attentes : ici, l'horreur ne vient pas de ce qui nous est invisible, mais au contraire de l'aspect inexorable de cette horreur qui n'attend que le bon moment pour frapper.

 

 

Randonnée tranquille et meurtres gore

Ce parti pris se traduit à l'image par de longs plans‑séquences qui évoquent Elephant de Gus Van Sant (et par ricochet Elephant d'Alan Clarke qui avait inspiré Van Sant), avec ce personnage suivi de dos, à quelques mètres de distance, force de la nature inébranlable. La nature est d'ailleurs au cœur du film, qui préfère se dérouler principalement en pleine journée, donnant à ses longs travellings des allures de randonnée tranquille aux côtés d'un psychopathe. Des séquences presque relaxantes entrecoupées par des moments de tueries gore parfois terriblement imaginatives (la séance de yoga restera dans les annales). D'un bout à l'autre, le film s'attache à évacuer les effets classiques du cinéma d'horreur : pas de musique stressante à l'approche d'un meurtre, pas de montage frénétique, In a Violent Nature préfère prendre son temps et essayer de montrer l'action en temps réel jusqu'à sa terrible conclusion, dans des séquences dont on se demande parfois comment elles ont pu être tournées en un seul geste (particulièrement un plan vu du dessus, d'une froideur et d'une précision impeccables). Une approche quasiment méditative qui, finalement, rend aussi un vrai hommage au genre du slasher dans son essence première : une menace aveugle, inexplicable, qui se fiche complètement de ses victimes, sortie de la terre pour tout emporter avec elle.

 

 

Un minimalisme qui aurait pu aller plus loin

Beaucoup de spectateurs risquent d'être décontenancés par le retournement proposé par In a Violent Nature (visible sur la plateforme Insomnia). Au Festival de Gérardmer 2025, où le film a reporté le Grand Prix, une large partie du public n'avait pas du tout accroché à un film si lent et si silencieux, lui préférant des films plus directs dans leur épouvante. Pourtant, il y a beaucoup d'idées minimalistes passionnantes qui parcourent ce premier film, et qui culminent dans un final entièrement à rebours des attentes, que l'on pourra trouver profondément ennuyeux ou, au contraire, fascinant dans la façon dont il dépeint la notion de traumatisme.

 

Et, en vérité, on pourrait plutôt regretter que In a Violent Nature n'aille pas encore plus loin ! Nombreux sont les petits moments du film qui ressemblent à des concessions, des reculs dans son audace, là où le film aurait gagné à être encore plus extrême. De nombreux plans‑séquences présentent ainsi des coupes au montage, comme pour dire « vous avez compris que le tueur allait dans cette direction alors on vous raccourcit un peu la balade jusque‑là », nous sortant de l'immersion sans pour autant réussir à rattraper les spectateurs qui se sont déjà endormis, la faute aux producteurs ou à la volonté de toucher un plus grand public ?

 

Dans un monde idéal, In a Violent Nature durerait 2h45, ne serait fait que de séquences de 20 minutes qui présenteraient chacune des meurtres sans aucun effet de montage, dans leur plus pure cruauté gratuite. Mais à vouloir arrondir les angles, le film perd un peu de son panache et de son pouvoir hypnotique : le slasher atmosphérique filmé comme un film de Tarkovski ou de Béla Tarr, bien qu'entre‑aperçu, n'a pas encore été tourné et il y a peu de chances que sa suite déjà annoncée aille dans cette direction, bien au contraire. Malgré tout, ne boudons pas notre plaisir face à une proposition aussi singulière que celle-ci, vraie bouffée d'air frais dans l'univers du cinéma de genre. À l'heure où l'on pense parfois avoir déjà tout vu, In a Violent Nature nous propose de revoir les mêmes choses mais sous un angle qui change tout. Et c'est déjà beaucoup.

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