Immigration Game
Dans un futur proche, seule l’Allemagne reste ouverte aux flux migratoires. Mais pour obtenir la citoyenneté allemande, les réfugiés sont contraints de participer à un mortel jeu télévisé, l'Immigration Game. Ils sont déposés à 30 km du centre de Berlin qu’ils doivent rejoindre tout en échappant à des bandes de tueurs, des « chasseurs » qui les traquent en toute impunité. Joe, citoyen allemand, tue accidentellement un chasseur en tentant de venir en aide à un migrant. Il est contraint de participer au jeu pour échapper à la prison.
Dans les premières minutes de cette production, on comprend que le réalisateur et scénariste Krystof Zlatnik a voulu signer une dystopie dérangeante évoquant tout à la fois le malaise européen face à la crise migratoire et les fantômes du passé allemand. Sa mise en scène caméra portée, les choix de costumes, indiquent clairement les références ciné de Krystof Zlatnik : le Punishment Park de Peter Watkins et Les guerriers de la nuit de Walter Hill.
Hélas, les premières minutes permettent aussi de comprendre que le réalisateur va passer complètement à côté de son sujet. Le manque de moyens du film, évident, n’est pas en cause. C’est l’écriture même qui est à blâmer.
Centré sur la seule survie, obsédé par la violence qu’il prétend dénoncer, le récit ne raconte pas grand‑chose et n’emploie que des personnages archétypaux aussi rudimentaires qu’interchangeables. Impossible dès lors de s’attacher à Joe ou ses camarades de calvaire, à l’exception peut‑être de l’inquiétante Denise Ankel qui interprète une des « proies ». Le final surprise qu’on ne spoilera pas confirme de manière éclatante le caractère excessivement schématique, pour ne pas dire bâclé, du propos.
Tout à son souci de palier son manque de moyens, de rendre hommage à ses références en faisant des clins d’œil aux téléréalités actuelles, Krystof Zlatnik s’égare. Sa réalisation brouillonne multiplie à l’infini les effets de zoom et de mise au point en guise d’effet de style. Un énorme ratage.