Images
Voici l’un des films les moins connus, et aimés, de Robert Altman, cinéaste phare des années 1970, dont la filmographie fut une rigoureuse déconstruction des mythes américains. Altman a attendu plus de dix ans pour obtenir enfin un succès, ce sera M.A.S.H, fable anti‑guerre redoutable qui prenait comme décor la guerre de Corée pour parler, en temps réel, de celle du Vietnam.
Réalisé entre John McCabe et Le privé, deux de ses chefs‑d’œuvre, Images opère une plongée toute européenne, entre Resnais et Polanski, à l’intérieur de la psyché de Cathryn (Susannah York, qui obtint le Prix d’Interprétation à Cannes pour ce rôle), une femme auteur de livres pour enfants.
Un soir, dans sa maison de campagne, le téléphone sonne et une voix féminine lui révèle que son mari entretient une relation adultère. De retour chez lui, celui-ci calme les inquiétudes de sa femme, lorsqu’un autre homme prend sa place. À l’intérieur de quoi sommes‑nous en train de plonger ? D’une machination diabolique digne d’un gialli italien ? De l’hallucination d’une femme qui confond ses désirs troubles avec la réalité ? D’un film d’horreur inconfortable, façon Bunny Lake de Preminger ou Persona de Bergman, qui ne dirait pas son nom ?
D’une certaine façon, Images réalise le fantasme d’Altman lui‑même, celui de restituer le chaos et le non‑sens d’un monde perceptible dans tous ses films et que de nombreux personnages féminins porteront, Farrah Fawcett dans Dr.T et les femmes, Andie McDowell dans Short Cuts ou Glenn Close dans Cookie’s Fortune.
Profondément incompréhensible, souvent étrange, parfois effrayante, la réalité a toujours été pour le réalisateur de The Player un sujet d’étonnement et de questionnement. Il se peut qu’avec Images, film largement méconnu, Altman se soit approché au plus près de son obsession.