Il faut sauver le soldat Ryan
Est-il encore besoin de présenter ce film qui, dès les premières minutes, vous arrache à votre environnement immédiat pour un voyage lointain à la fois effrayant et intense ? Juin 1944. 452 000 soldats américains débarquent sur les plages normandes : 27 000 d’entre eux seront blessés et évacués, 11 000 périront au combat ou des suites de leurs blessures et 1 000 seront portés disparus… Au milieu de ce carnage, le capitaine Miller et ses hommes reçoivent pour mission de ramener à la maison le seconde classe James Ryan, lui et seulement lui.
Depuis son plus jeune âge, Steven Spielberg rêvait de réaliser un film de guerre. À 14 ans déjà, il mettait en boîte un moyen métrage de 40 minutes tourné en 8 mm intitulé Escape to Nowhere (1961), il récidivait peu après avec Battle Squad qui relatait la campagne de Rommel en Afrique du Nord. Deux réalisations anecdotiques qui prouvent l’attirance du cinéaste pour cette période de l’Histoire.
Avec un budget très confortable de 70 millions de dollars, le film coproduit par Dreamworks et Paramount ne fut pourtant pas entièrement tourné sur les plages de Normandie pour cause de charges sociales trop élevées. Janus Kaminski (directeur photo), Tom Sanders (chef déco) et Steven Spielberg se replièrent sur les côtes irlandaises au relief et aux teintes similaires. Après plusieurs essais menés sur les couleurs du film et la texture de l’image, le réalisateur opta pour des tons désaturés à 60% et des sépias, permettant selon lui de restituer le plus fidèlement possible l’ambiance de l’époque. Il était également impératif de contraster fortement avec les batailles de la Guerre du Pacifique, toujours montrées au cinéma au moyen de couleurs chaudes et de contrastes survitaminés.
Inspiré par le film Battleground de William Wellman et les récits de son propre père, Steven Spielberg honore la mémoire des soldats tombés sur ces plages et rappelle avec douleur, authenticité et cruauté, que le mois de juin 1944 fut un véritable cauchemar. À revoir impérativement.