par Jean-Baptiste Thoret
27 septembre 2011 - 13h27

Il était une fois en Amérique

VO
Once Upon a Time in America
année
1984
Réalisateur
InterprètesRobert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern, Joe Pesci, Burt Young, Treat Williams, Tuesday Weld
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Le 14 juin 1982, soit dix ans après Il était une fois la révolution, Sergio Leone revient enfin derrière la caméra afin d’y réaliser son rêve de jeunesse. Et son film testamentaire.

Avec Il était une fois en Amérique, Leone signe un monument de presque quatre heures (« Une biographie à deux niveaux : ma vie personnelle et ma vie de spectateur de cinéma américain », dira‑t‑il au moment de la sortie du film), chargé des films de gangsters hollywoodiens (L’enfer est à lui, Les anges aux figures sales, Murder Inc., L’ennemi public, Règlements de compte, Les fantastiques années 20), des fables de Charlie Chaplin, du script que Leone avait écrit à l’âge de 19 ans (Viale Glorioso), de la structure éclatée de Citizen Kane, du théâtre chinois de La dame de Shanghaï et des rivalités entre petits voyous dignes de La rue sans issue de William Wyler.

L’histoire débute dans les années 1920, où l’on suit quatre gamins juifs, Noodles, Max, Cock Eye et Patsy, dans un quartier pauvre de New York. Jeux d’enfants insouciants, petites combines et début d’une amitié indéfectible entre Noodles (Robert De Niro) et Max (James Woods), qui charpentera toute la structure narrative du film. Puis Noodles est envoyé en prison pour le meurtre d’un adolescent d’une bande rivale. Il en ressort douze ans plus tard, à l’époque de la Prohibition et constate que ses amis ont fait fortune. Nouvelle ellipse et l’on retrouve Noodles à la fin des années 60, de retour à New York, où il déambule au milieu des vestiges d’un passé qui l’obsède.

Ainsi résumé, Il était une fois en Amérique ne serait qu’une grande fresque de plus, foisonnante et virtuose, sur le thème de la chute et de la décadence d’un gangster américain. Mais le véritable sujet du film est le temps. À Fat Moe qui lui demande ce qu’il a fait depuis trente ans, Noodles répond : « Je me suis couché tôt », citant la fameuse madeleine de Proust dont le film réactive le principe.

Leone entrelace ainsi trois époques (1922, 1933 et 1968), passe sans cesse de l’une à l’autre, mais maintient le sentiment d’un temps flottant et incertain. Il était une fois en Amérique baigne dans un statisme de surface (pas de dramatisation des séquences d’action ou de moments forts de l’histoire) et son rythme, hypnotique et ouaté, épouse l’esprit embué de son personnage principal, qui tente de recomposer son passé (on songe parfois au Point de non retour, ce film de John Boorman que Sergio Leone adorait).

Enfin, Il était une fois en Amérique s’ouvre et se clôt sur la chanson d’Irving Berlin, God Bless America, celle que Michael Cimino, six ans plus tôt, avait utilisée pour la dernière séquence de Voyage au bout de l’enfer. Comme Cimino, Sergio Leone n’a cessé de fantasmer une Amérique mythologique, cinématographique et universelle qui, au fond, n’a jamais existé ailleurs que dans les yeux éblouis du gamin de Trastevere. Il était une fois en Amérique raconte l’histoire de cette désillusion.

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Once Upon a Time in America
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
24/08/2011
image
BD-50, 230', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Français Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
Allemand Dolby Digital 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
Hongrois Dolby Digital 5.1
Tchèque Dolby Digital 5.1
Polonais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, espagnol, allemand, hollandais
8
10
image
Un bon transfert HD, mais pas transcendant. Même si nous ne regrettons pas du tout l'édition DVD du film (comme ce fut malheureusement le cas avec l’autre chef‑d’œuvre de Sergio Leone, Il était une fois dans l’Ouest), on ne peut que constater l’omniprésence du grain. S'il a été voulu par le cinéaste (pour certaines séquences, Leone et son chef‑opérateur Tonino Delli Colli ont opté pour des pellicules différentes selon la texture d'image souhaitée), il est parfois bien trop prononcé, occasionnant un contraste moins bien géré et une baisse du niveau général de définition du film. Cependant, la restauration est excellente, avec la disparition des dernières griffures et poussières notables dans les précédentes éditions DVD. Copie comme neuve alors ? Presque ! Si le transfert n’est pas exemplaire, cette édition Blu‑Ray ne dénature en rien l’œuvre originelle. Elle est d'ailleurs à ce jour la meilleure façon de voir Il était une fois en Amérique. Très bonne note méritée, donc.
8
10
son
Au même titre que l’image, le son a été expurgé de ses imperfections. La version originale, qui seule bénéficie d'une piste DTS-HD Master Audio 5.1, réalisée à partir de l'encodage original mono, est anecdotique au niveau de la répartition, l’ensemble du son restant canalisé sur l’enceinte frontale. Mais ce nouveau mixage a d’autres avantages, comme d’offrir une meilleure clarté des dialogues et une mise en avant de la partition musicale d’Ennio Morricone plus prononcée. Piste française Dolby Digital 5.1 bien en deçà, avec des dialogues trop proéminents.
7
10
bonus
- Commentaire audio de l'historien du cinéma Richard Schickel
- Il était une fois Sergio Leone (20')
- Bande-annonce originale (3')
Journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma et documentariste américain, Richard Schickel est l’auteur du commentaire audio de cette édition. S’il n’évite pas toujours la redite et la paraphrase, son discours est majoritairement passionnant, mais malheureusement non sous‑titré en français ! Les fans se consoleront avec le tournage du film raconté par Sergio Leone himself. Un module passionnant qui donne aussi la possibilité à de nombreux intervenants, dont la femme et la fille du réalisateur, au metteur en scène Quentin Tarantino, ou encore au comédien James Woods, d'évoquer le travail de Sergio Leone sur ce film. Tous reviennent d'ailleurs sur le perfectionnisme du cinéaste et sa forte personnalité. Un régal. Un peu court, mais un régal quand même !
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